Plusieurs dizaines d'opposants à l'utilisation de l'énergie nucléaire manifestaient encore vendredi soir à Tokyo devant la résidence du premier ministre, alors que deux réacteurs sont en passe de redémarrer malgré les mises en garde de sismologues et des précautions jugées insuffisantes.    

« Saikado hantai! » (Non à la relance!) hurlaient les manifestants déjà réunis la semaine passée le même jour, à la même heure, au même endroit et pour le même motif.

Au fil des semaines, les rangs semblent grossir, mais les décomptes des autorités et des organisateurs vont du simple au quadruple, rendant difficiles les comparaisons.

Reste que les opposants, hommes et femmes de tout âge, viennent de tout le Japon pour s'opposer à la décision récente du chef du gouvernement, Yoshihiko Noda, et des autorités locales de relancer les réacteurs 3 et 4 de la centrale d'Ohi (Oi) dans l'ouest du pays.

Ces deux tranches doivent être effectivement remises en service dès cette fin de semaine ou la prochaine, a confirmé vendredi la compagnie exploitante, Kansai Electric Power.

Les citoyens opposés à cette décision, qui fait selon eux fi des avertissements lancés par des spécialistes de l'activité sismique dans la région, ont pris l'habitude de se rassembler chaque fin de semaine dans le quartier des ministères et du Parlement au centre de Tokyo.

Ces rassemblements protestataires, rares au Japon, répondent à l'appel du mouvement « Adieu l'énergie nucléaire! » mené entre autres par l'écrivain prix Nobel Kenzaburo Oe et le journaliste dénonciateur de scandales Satoshi Kamata, lesquels sont aussi à l'origine d'une pétition rassemblant à l'heure actuelle plus de 7,5 millions de signatures.

Selon eux, la volonté de réactiver les réacteurs nucléaires de l'archipel repose avant tout sur des considérations économiques, même si M. Noda avait auparavant promis de ne prendre de décision « qu'après avoir obtenu la compréhension de la population ».

Alors que les personnes dont les affaires dépendent de l'exploitation des réacteurs et les milieux industriels se réjouissent, les opposants dénoncent les risques encourus puisque tous les réacteurs du pays sont en bord de mer et en zone sismique.

Jeudi, des parlementaires de tout bord ont jugé que 24 des 50 réacteurs de l'archipel présentaient un degré de dangerosité trop élevé et devaient être rapidement démantelés.

Outre les 2 unités d'Ohi en voie de redémarrage, 48 sont actuellement stoppées sine die à cause de tremblements de terre antérieurs ou pour des sessions de maintenance prolongées du fait des mesures de précaution supplémentaires prises après le désastre atomique de Fukushima consécutif au séisme et au tsunami du 11 mars 2011 dans le nord-est de l'archipel.

Depuis cette catastrophe, une grande partie de la population dit ne plus croire « au mythe de la sécurité nucléaire ».