Des dizaines de milliers de partisans du mouvement thaïlandais des «chemises rouges» se sont rassemblés dimanche à Bangkok, alors que les tensions politiques se sont exacerbées ces dernières semaines dans le royaume.

À l'occasion du 80e anniversaire du coup d'État qui a mis fin à la monarchie absolue en 1932, les «rouges», pour la plupart fidèle à l'ancien premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, ont appelé la justice à rester en dehors de la politique. Ils étaient environ 30 000, selon un responsable de la police.

«Aujourd'hui, nous marquons le 80e anniversaire et exprimons notre inquiétude concernant les menaces pour la démocratie. Préparons-nous pour une lutte qui n'est pas terminée», a déclaré l'un de leurs leaders, Kokaew Pikulthong, rappelant que le pays avait connu une vingtaine de coups d'État ou de tentatives depuis 1932.

«Ces dernières années, les coups d'État sont passés de militaires à judiciaires», a-t-il ajouté.

En 2008, des décisions de justice avaient forcé à la démission deux premiers ministres proches de Thaksin, renversés par un coup d'État militaire en 2006.

Depuis le renversement de l'ancien magnat des télécommunications, le pays est profondément divisé entre les masses populaires et rurales divisées qui lui sont fidèles et les élites de la capitale gravitant autour du palais royal, qui le considèrent comme une menace pour la monarchie.

Ces divisions avaient été mises en lumière par la crise du printemps 2010, qui avait fait plus de 90 morts et 1900 blessés.

Jusqu'à 100 000 «rouges» avaient alors occupé le centre de Bangkok pendant deux mois pour réclamer la démission du gouvernement de l'époque, avant d'être délogé par l'armée.

La soeur de Thaksin, Yingluck Shinawatra, a depuis largement remporté les élections en juillet 2011 et pris la tête du gouvernement le mois suivant.

Mi-juin, son parti a reporté l'examen d'une loi controversée de «réconciliation nationale» qui comprend notamment une amnistie des condamnations considérées comme politiques des dernières années.

L'opposition parlementaire et les «chemises jaunes», ennemis intimes des «rouges» qui étaient descendus dans la rue pour dénoncer cette loi, dénonçaient une manipulation pour faire revenir Thaksin.