Une photo explicite postée sur l'internet d'une Chinoise forcée à avorter, avec son foetus de sept mois sanguinolent posé auprès d'elle, provoquait mercredi une avalanche de réactions outragées en Chine.        

Des groupes de défenseurs de droits de l'homme de la province septentrionale du Shaanxi ont expliqué que Feng Jianmei avait été forcée à avorter, car elle ne pouvait pas payer les 40 000 yuans (6306 $) d'amende dus pour infraction à la politique de l'enfant unique en Chine.

Les autorités du district de Zhenping, où a eu lieu l'avortement forcé, ont expliqué que la Chinoise avait accepté son avortement, une version contestée par un proche selon lequel elle s'y était opposée avec son époux.

Ce proche, qui a requis l'anonymat en répondant aux questions de l'AFP, a confirmé l'authenticité d'une photo mise en ligne montrant Feng sur son lit d'hôpital et le cadavre du foetus recouvert de sang près d'elle.

Les internautes ne croyaient pas à la version officielle.

« Qui déposerait un bébé en sang à côté de sa mère? » demandait l'un d'eux sur le portail Netease.com.

« On dit que ce sont des choses qu'ont faites les diables japonais et les nazis. Mais cela arrive en réalité et ce n'est pas un cas isolé (...), ils devraient être exécutés », écrit un autre à propos des responsables locaux.

Un troisième internaute expliquait sur le forum clubkdnet.net, que la politique de l'enfant unique en Chine avait permis « de tuer ouvertement des gens pendant des années ». « Mais qu'est-ce qui ne va pas avec cette société? », demandait-il.

La Chine - pays le plus peuplé de la planète avec 1,34 milliard d'habitants - a mis en place une politique drastique de limitation des naissances à la fin des années 1970, qui lui aurait permis d'éviter quelque 400 millions de naissances, selon les démographes.

En général, les Chinois dans les villes peuvent n'avoir qu'un enfant et ceux des campagnes deux lorsque le premier est une fille.

« L'histoire de Feng Jianmei prouve que la politique de l'enfant unique continue d'imposer la violence aux femmes chaque jour », a dit Chai Ling, ancienne figure de proue des manifestations de mai-juin 1989 qui dirige aux États-Unis l'association All Girls Allowed.

Les médias chinois ont condamné l'avortement forcé de Feng, tout en estimant que la politique de l'enfant unique devrait être maintenue.

Le Global Times estimait ainsi que les avortements forcés tardifs devraient être « interdits », mais qu'ils « ne représentaient pas une raison suffisante pour remettre en question l'ensemble de cette politique ».