Le chef du Pentagone, Leon Panetta, a annoncé mercredi que les États-Unis allaient poursuivre leurs attaques visant Al-Qaïda au Pakistan, au lendemain de l'annonce de la mort du numéro deux du réseau, le Libyen Abou Yahya al-Libi, dans une attaque de drone.

« Nous avons été très clairs sur le fait que nous allons continuer à nous défendre », a-t-il déclaré au cours d'une visite à New Delhi, en réponse à une question sur la poursuite des attaques alors que les Pakistanais estiment que les bombardements de drones violent la souveraineté du pays.

« Il s'agit aussi de notre souveraineté », a-t-il plaidé, arguant du fait que les islamistes ayant orchestré les attentats du 11-Septembre se situaient dans des zones tribales au Pakistan.

Les États-Unis ont annoncé mardi la mort d'Abou Yahya al-Libi au Pakistan, estimant avoir ainsi infligé un « revers majeur » à la nébuleuse extrémiste un peu plus d'un an après la mort d'Oussama ben Laden.

M. Panetta, qui a supervisé en tant que directeur de la CIA l'intensification de la campagne de bombardements visant Al-Qaïda au Pakistan avant d'être nommé au Pentagone l'an dernier, a évoqué l'attaque contre « un nouveau chef adjoint » du réseau, une allusion à Abou Yahya al-Libi, sans plus de précisions.

Selon un responsable américain s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, Abou Yahya al-Libi était chargé des opérations d'Al-Qaïda au Pakistan et d'entretenir les contacts avec les différentes branches de l'organisation, notamment Al-Qaïda dans la Péninsule arabique (AQPA).

Abou Yahya al-Libi, considéré comme l'un des principaux théoriciens d'Al-Qaïda, était apparu à plusieurs reprises ces dernières années dans des messages vidéos d'Al-Qaïda. En mars 2011, il avait exhorté les rebelles libyens à poursuivre leur offensive contre le régime de Mouammar Kadhafi.

Des difficultés avec Islamabad

M. Panetta a reconnu un plus tôt mercredi que New Delhi et Washington se heurtaient à des difficultés avec Islamabad.

« La relation avec le Pakistan est compliquée pour les deux pays, mais on doit travailler à l'améliorer », a-t-il dit, ajoutant : « L'Inde et les États-Unis devront continuer à coopérer avec le Pakistan pour surmonter nos différends, respectifs et parfois profonds, pour une Asie du Sud en paix et prospère ».

Le chef du Pentagone a par ailleurs plaidé pour un renforcement des liens avec l'Inde dans le secteur de la défense, estimant que New Delhi était un « pivot » dans la nouvelle stratégie militaire américaine centrée sur l'Asie.

Il a jugé que les liens militaires s'étaient nettement améliorés au cours de la dernière décennie, mais que des efforts restaient encore à accomplir pour que les deux puissances sauvegardent les « carrefours » de l'économie mondiale dans l'océan Indien et le Pacifique occidental.

« Pour que cette relation garantisse vraiment la sécurité pour cette région et le monde, nous devrons approfondir notre coopération dans la défense », a déclaré M. Panetta dans un discours à l'Institut d'études et analyses sur la défense, à New Delhi. « C'est pourquoi je dois venir en Inde », a-t-il ajouté.

Après avoir surmonté la méfiance issue de la période de la Guerre froide, « nos deux nations ont de manière irréversible commencé un nouveau chapitre de notre histoire », a-t-il dit. Mais selon lui, leur relation bilatérale « peut et devrait être plus stratégique, plus pragmatique ».

La nouvelle stratégie américaine, a expliqué le ministre américain de la Défense, vise à « étendre nos partenariats militaires et notre présence dans l'arc s'étendant du Pacifique occidental et l'Asie de l'Est à la région de l'océan Indien et l'Asie du Sud ».

Le chef du Pentagone est arrivé mardi dans la capitale fédérale indienne dans le cadre d'une tournée en Asie reflétant le basculement stratégique de Washington vers cette région.

Ce changement est considéré comme un moyen de surveiller le rôle croissant de la Chine dans la région, en particulier dans le sud de la mer de Chine, en renforçant la diplomatie américaine auprès de plus petites nations confrontées à des différends territoriaux avec la Chine.

Dans cette perspective, Washington considère l'Inde comme un contrepoids à Pékin, même si les déclarations officielles insistent sur le fait que la nouvelle stratégie ne défie ni n'exclut la Chine.