«Aucun survivant» n'a été retrouvé jeudi sur le site de l'épave pulvérisée du Superjet russe Soukhoï, qui s'est écrasé la veille en Indonésie avec une cinquantaine de personnes à bord, Moscou ouvrant une enquête sur un éventuel non-respect des règles de sécurité.

«Une enquête criminelle a été ouverte, des indices indiquant qu'un crime relevant de l'article 263-3 du Code pénal (violation des règles de sécurité de transport et d'exploitation d'un moyen de transport) a été commis», a indiqué le Comité d'enquête de Russie, peu après l'arrivée des secours indonésiens sur le site de l'épave.

«Nous sommes entrés sur le site (de l'épave). Nous avons trouvé des cadavres, mais nous ne sommes pas en mesure d'en donner le nombre», a indiqué à la presse le porte-parole de l'Agence nationale des secours, Gagah Prakoso.

«Il n'y a pas de survivants. Nous n'avons retrouvé aucun survivant. L'avion a heurté le flanc de la montagne à vive allure. Imaginez le résultat. L'appareil est complètement détruit», a-t-il poursuivi.

L'épave du Superjet 100, qui effectuait mercredi un vol de démonstration censé vanter les mérites de l'appareil, avait été repérée jeudi matin dans une région montagneuse au sud de Jakarta. Les débris avaient été découverts par un hélicoptère à environ 1800 mètres d'altitude près de Cijeruk, dans la région du mont Salak, un volcan qui culmine à 2211 mètres, avaient précisé les secours.

Des photographies aériennes diffusées par les services de secours montrent des débris de l'appareil, accrochés à des arbres et des roches situés sur une paroi montagneuse très abrupte, semblant suggérer que l'avion a heurté la montagne de plein fouet.

Le Soukhoï transportait 47 personnes, tous des Indonésiens, à l'exception de huit Russes, un Français et un Américain, selon Trimarga Rekatama, l'agent indonésien de Soukhoï. D'autres sources évoquent cependant jusqu'à 50 occupants. L'ambassade de France à Jakarta a confirmé la présence à bord d'un Français.

Les recherches au sol sont difficiles dans cette région montagneuse et recouverte de jungle, à environ 80 km au sud-est de la capitale.

Deux équipes de secouristes étaient parties vers midi (1h, heure de Montréal) pour le site très difficile d'accès, l'atteignant en milieu d'après-midi.

À l'aéroport de Halim, dans l'est de Jakarta d'où a décollé l'avion, des proches continuaient cependant à se raccrocher encore à l'espoir de retrouver des rescapés, si ténu soit-il, dans une attente de plus en plus angoissée.

Murés dans un silence seulement interrompu par les sanglots à répétition, une cinquantaine d'amis et de membres des familles se laissaient prélever des échantillons d'ADN, afin de faciliter l'identification des probables victimes. Susan Sepang serrait contre elle la photo de sa fille, passagère du Soukhoï, tandis qu'on lui enfonçait un coton-tige dans la bouche.

Le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono a appelé au lancement d'une «enquête minutieuse» sur les raisons de l'accident.

L'appareil, qui porte les espoirs de l'aviation civile russe, effectuait un vol de démonstration dans le cadre d'une tournée internationale de promotion quand il a disparu des écrans radars peu avant 15 h (4 h, heure de Montréal) mercredi.

Le SSJ100, qui a reçu sa certification russe début 2011, peut transporter entre 75 et une centaine de passagers selon les versions. Il espère concurrencer le brésilien Embraer et le canadien Bombardier sur le marché jugé prometteur des avions régionaux.

Mais son lancement a été marqué par divers problèmes techniques. Mi-mars, un Superjet de la compagnie russe Aeroflot avait dû faire demi-tour lors d'un vol intérieur russe après un incident avec son train d'atterrissage.

De nombreux groupes internationaux ont participé à la conception de l'avion, dont les français Snecma et Thales.