Des centaines de personnes ont rendu un dernier hommage mercredi à un grand-père thaïlandais, condamné à vingt ans de détention pour insulte à la monarchie et décédé en prison, relançant la polémique sur une des lois les plus répressives du monde.

La foule s'est massée près du cercueil d'Ampon «Akong» Tangnoppakul devant la cour criminelle de Bangkok, qui l'avait condamné l'an dernier à 20 ans de prison pour quatre SMS jugés «inappropriés» et «insultants envers la monarchie».

Celui qui était devenu le symbole du combat pour la liberté d'expression a été retrouvé mort dans sa cellule mardi. Des photos de lui et des commentaires outragés ont depuis inondé les réseaux sociaux.

Son corps a été emmené devant la Cour pour y accomplir les rites religieux «pour rappeler au public l'importance de l'amendement de l'article 112 et permettre que soient soignés à l'hôpital ceux qui sont malades», a déclaré aux journalistes sa femme, Rosmalin Tangnoppakul.

Cet article du Code pénal réserve une peine de 15 ans de prison à quiconque insulte la monarchie ou la famille royale, et fait l'objet d'un débat brûlant dans le royaume.

«Sa mort nous indique que nous devons continuer à nous battre pour (le) changer dans l'avenir», a estimé aussi le politologue Phuangtong Pakawan en s'adressant à la foule.

L'origine du décès a été attribuée mercredi par le directeur de l'Hôpital général de la police à un cancer du foie, qui se serait propagé à d'autres organes.

La famille royale, qui n'a aucun rôle politique officiel, est désormais un sujet complètement tabou en Thaïlande, où le roi Bhumibol Adulyadej, 84 ans, jouit auprès de certains de ses sujets d'un statut de demi-dieu.

La loi elle-même devient un enjeu, au-delà de l'institution qu'elle défend. Les partisans de sa réforme et ses adversaires, les ultraroyalistes, s'échangent via internet des amabilités qui témoignent d'une tension réelle.

Les poursuites et condamnations pour lèse-majesté se sont multipliées depuis le coup d'État militaire de 2006 contre le premier ministre Thaksin Shinawatra, aujourd'hui en exil et considéré par les élites de Bangkok comme un danger pour l'institution royale.

L'an passé, sa soeur Yingluck Shinawatra a gagné les élections. Mais les analystes relèvent que la situation ne s'est pas arrangée depuis qu'elle est au pouvoir.