La militante birmane Aung San Suu Kyi estime dimanche que son pays a besoin d'une «aide durable, raisonnée» et considère avec réserve «le grand enthousiasme lié à cette période» car «les choses prennent du temps», dans une interview au journal allemand Die Welt am Sonntag.

Interrogée sur ce qu'elle attend de la communauté internationale alors qu'elle a accepté mercredi de prêter serment devant le Parlement, la militante répond: «Pas trop d'euphorie mais plutôt un soutien sur le long terme du pays».

«Ce dont nous avons besoin, c'est d'une aide durable, raisonnée», explique-t-elle, ajoutant se méfier du «grand enthousiasme lié à cette période qui va bientôt retomber car les choses prennent du temps».

Questionnée sur sa prestation de serment au Parlement, elle affirme «partir du principe que les discussions peuvent conduire aux solutions». «C'est ça le chemin vers un État de droit», dit-elle.

«Beaucoup de reproches peuvent être faits au règlement du Parlement, aussi bien sur la forme que prend le serment que sur les décrets qui régissent le travail quotidien des députés. De ça, il faut parler», a-t-elle ajouté.

La militante avait d'abord refusé de prêter serment pour «sauvegarder» la Constitution birmane qui accorde des pouvoirs immenses aux militaires, préférant le terme de «respecter». Mais la lauréate du prix Nobel de la paix s'est ravisée lundi et a effectivement prêté serment mercredi devant le Parlement birman.

Après deux décennies d'âpre lutte politique, Aung San Suu Kyi a ainsi endossé pour la première fois un mandat électoral dans son pays.

«La lutte contre la misère ne peut être durable et fructueuse que lorsque les hommes peuvent défendre leurs droits», souligne Aung San Suu Kyi, selon laquelle «permettre aux individus de combler leurs besoins ne peut qu'aller de pair avec les réformes politiques».