Le dissident Chen Guangcheng, qui s'est réfugié à l'ambassade des États-Unis à Pékin vendredi après avoir fui la résidence surveillée, a accepté hier de se rendre aux autorités chinoises. Les États-Unis affirment avoir reçu des garanties concernant sa sécurité. Pour aider à comprendre la situation, nous vous présentons son portrait et celui d'un autre dissident qui s'était lui aussi réfugié à l'ambassade des États-Unis, en 1989.

>>> Réagissez sur le blogue de Richard Hétu



CHEN GUANGCHENG

Qui est-il?

Né en 1971, il est aveugle depuis l'enfance. Il est devenu avocat autodidacte pour protester contre les injustices touchant les handicapés et ses concitoyens de la province de Shandong, lieu de naissance de Confucius.

Qu'a-t-il fait?

Dans les années 90, il a milité pour les droits des aveugles, notamment le droit à la gratuité des transports publics. Il y a une dizaine d'années, il a aidé des femmes victimes de la politique de l'enfant unique - entre autres pour des allégations d'avortements forcés. Après avoir vécu un an et demi en résidence surveillée officieuse, il s'est échappé le 22 avril est s'est réfugié à l'ambassade des États-Unis à Pékin.

Comment la Chine l'a-t-elle traité?

Il a fait quatre ans de prison de 2006 à 2010 pour avoir organisé des manifestations contre les abus de la politique de l'enfant unique. Après avoir témoigné de ses arrêts domiciliaires en 2011, il a été battu par des policiers en civil, assurent ses avocats. Les États-Unis affirment qu'il pourra changer de ville et s'inscrire en droit à l'université et que la sécurité de sa famille sera garantie. Mais des dissidents ont déclaré aux médias occidentaux que les autorités chinoises avaient menacé de s'en prendre à sa femme.

FANG LIZHI

Qui est-il?

Astrophysicien né en 1936, il a travaillé sur la bombe atomique chinoise, mais a été exclu du Parti communiste (PCC) en 1957 pour avoir suggéré des améliorations au système d'éducation. Il n'est réhabilité qu'à la mort de Mao, en 1976, et a vécu en exil aux États-Unis à partir de 1990.

Qu'a-t-il fait?

En 1986, il a proposé une réunion d'anciennes victimes de la répression de 1957. En 1989, il a cosigné une lettre demandant au président Deng Xiaoping le pardon d'un dissident, et sa femme a été élue représentante d'un district étudiant de Pékin, ce qui occasionné des échanges avec les manifestants de Tiananmen.

Comment la Chine l'a-t-elle traité?

Il perd son poste universitaire en 1987. Après la répression de Tiananmen, il se réfugie à l'ambassade des États-Unis à Pékin, où il passe 13 mois. Il est ensuite autorisé à se rendre aux États-Unis en échange de la promesse de ne plus commenter la politique chinoise. Il a enseigné à l'Université de l'Arizona jusqu'à sa mort, au début du mois d'avril dernier.

Photo: Reuters

Fang Lizhi

La Chine change-t-elle?

«On peut penser que les États-Unis ont confiance dans les assurances qu'ils ont reçues de la Chine, parce que le président Obama est en mode électoral, explique Jean-Philippe Béja, sinologue à l'Université Sciences Po, à Paris. Si les promesses sont respectées, c'est une victoire pour le camp favorable à une prudente libéralisation au sein du PCC. Le premier ministre Wen Jiabao a fait publiquement une déclaration en ce sens récemment et c'est à lui que Chen Guangcheng s'est adressé. Que la Chine tolère un dissident comme lui serait un réel progrès.»

Photo: AFP

Le premier ministre chinois Wen Jiabao.