La Corée du Nord a annoncé hier avoir terminé l'assemblage de la fusée Unha-3, qu'elle lancera d'ici à lundi pour souligner le 100e anniversaire de naissance de son fondateur, Kim Il-sung, grand-père de son président Kim Jong-un.

L'opération ravive les tensions dans la péninsule coréenne, au moment où les États-Unis pensaient avoir réussi à les apaiser avec une nouvelle entente «nourriture contre inspections nucléaires», à la fin du mois de février. Le Japon et la Corée du Sud ont annoncé qu'ils abattraient la fusée si elle menaçait leur territoire, un acte que la Corée du Nord considérerait comme une agression. L'État ermite a probablement coulé sans provocation, en 2010, une corvette sud-coréenne pour protester contre des exercices militaires de son voisin méridional.

La fusée Unha-3 transportera officiellement un satellite géophysique, mais l'Occident, le Japon et la Corée du Sud considèrent qu'il s'agit d'un test balistique de missile intercontinental, interdit par une résolution de l'ONU. La Corée du Nord a fait deux autres lancements similaires en 1998 et en 2009 et affirme avoir mis en orbite des satellites. Mais aucun autre pays n'a trouvé la trace de ces deux satellites. Pour le moment, les missiles nord-coréens ne peuvent se rendre qu'en Alaska.

Par contre, une analyse du groupe de réflexion Institut Corée-États-Unis de l'Université Johns Hopkins montre que la fusée sera lancée d'une nouvelle base dont la tour est plus haute (50 m) que celles qui sont nécessaires pour les missiles intercontinentaux (40 m). Cela pourrait signifier que la Corée du Nord a réellement un programme spatial comme but.

De plus, souligne Erich Weingartner, politologue ontarien, les essais de 1998 et de 2006 semblent avoir emprunté des trajectoires de lancement de satellite, selon les autorités américaines. M. Weingartner, qui s'est rendu à plusieurs reprises en Corée du Nord depuis 20 ans dans le cadre de missions humanitaires, avance qu'il pourrait s'agir d'un programme de prestige national doublé d'une tactique de négociation.

Le 29 février, les États-Unis ont annoncé une entente selon laquelle la Corée du Nord suspendrait son programme nucléaire et accueillerait des inspecteurs internationaux, en échange d'une aide alimentaire substantielle. Cette aide était toutefois conditionnelle à un accès sans préavis des ONG internationales à plusieurs régions du pays, pour vérifier que l'aide alimentaire n'était pas détournée par l'armée ou l'élite. L'annonce du lancement d'Unha-3, le 16 mars, a tout remis en question.