Les autorités indonésiennes ont levé mercredi soir l'alerte au tsunami qu'elles avaient émise à la suite du violent séisme de magnitude 8,6 survenu dans l'après-midi au large de l'île de Sumatra et suivi d'une puissante réplique, a annoncé la présidente de l'Agence indonésienne de géophysique.

«L'alerte au tsunami a été levée. Les gens peuvent donc rentrer chez eux», a déclaré la présidente de l'agence, Sri Woro B. Harijono, sur la chaîne de télévision Metro TV.

Un séisme de magnitude 8,6 s'est produit mercredi au large de l'île indonésienne de Sumatra, déclenchant une alerte au tsunami sur l'ensemble de l'océan Indien, tandis que des scènes de panique rappelaient la tragédie de 2004 qui avait fait 220 000 morts.

Le séisme a eu lieu à 8h38 GMT (4h38, heure de Montréal), à 23 km de profondeur et à environ 430 km au sud-ouest de Banda Aceh, la capitale de la province d'Aceh, a annoncé l'Institut américain de géophysique (USGS) qui avait initialement évalué la magnitude à 8,9.

Le tremblement de terre a été suivi, deux heures plus tard, par une réplique de magnitude 8,2.

Conséquence du séisme, des vagues atteignant jusqu'à 80 cm de hauteur ont été observées sur la côte occidentale de Sumatra, a indiqué l'agence indonésienne de géophysique.

Un correspondant de l'AFP présent sur l'île de Simuele, près de la province d'Aceh, a de son côté vu la mer se retirer subitement, un phénomène habituellement annonciateur d'un tsunami.

«J'ai vu les eaux refluer d'environ 10 mètres», a-t-il dit.

Le président indonésien Susilo Bambang Yudhoyono a toutefois assuré qu'il n'y avait «pas de menace de tsunami pour le moment».

Le Centre américain de surveillance des tsunamis du Pacifique a émis une alerte sur l'ensemble de l'océan Indien.

«Les séismes de cette ampleur ont le potentiel de provoquer des tsunamis ravageurs qui peuvent toucher les côtes de l'ensemble du bassin de l'océan Indien», a-t-il averti.

Le risque de tsunami semble cependant «faible», a estimé une spécialiste du British Geological Survey (BGS). Le mouvement était horizontal et non vertical et n'a pas causé de déplacement apparent du fond de la mer, ce qui est à l'origine des tsunamis, a expliqué la sismologue Susanne Sargeant, jointe au téléphone par l'AFP.

En Thaïlande, une vague de 10 centimètres de hauteur seulement a touché une île de la côte ouest, mais l'alerte au tsunami était pour l'heure maintenue dans ce pays.

Le tremblement de terre a été ressenti pendant environ cinq minutes vers 15h 38 heure locale, a témoigné un journaliste de l'AFP à Banda Aceh.

«Ça a commencé comme une petite secousse et puis ça a forci. Certains tentaient de fuir (loin des côtes), certains priaient et des enfants ont paniqué quand les enseignants ont essayé de les faire sortir de l'école», a-t-il raconté. «Il y a des embouteillages partout parce que les gens essayent de s'éloigner de la côte».

Une chaîne de télévision locale, Metro TV, montrait des centaines de personnes rassemblées dans une grande mosquée de Banda Aceh, souvent en pleurs, à la recherche de proches dans cette province en majorité musulmane durement éprouvée par le tsunami de 2004.

Des femmes et des jeunes filles couvertes de blanc de la tête au pied priaient sur des tapis.

La secousse a été perçue très loin à l'intérieur des terres en Inde et en Thaïlande, faisant trembler des immeubles jusqu'à Bangkok. La Réunion a émis une alerte orange au tsunami.

Selon une touriste australienne, Bonnie Muddle, en vacances à Phuket, station balnéaire populaire de Thaïlande dévastée par le tsunami de 2004, des évacuations étaient en cours à Krabi et dans la baie de Phan Nga.

«Tout le monde commence à s'inquiéter un peu ici», a-t-elle déclaré à l'AFP au téléphone.

L'Inde a déclenché une alerte rouge au tsunami pour les îles Andaman et Nicobar, tandis que les côtes de l'Andhra Pradesh et du Tamil Nadu, dans le sud et le sud-est de ce pays, ont été rapidement placées sous haute surveillance. L'alerte a ensuité été étendue aux États de l'Orissa et du Kerala.

Le Sri Lanka a lui aussi déclenché une alerte au tsunami et ordonné l'évacuation de son littoral. Le gouvernement avait dit craindre un déferlement de vagues sur la côte orientale de l'île vers 10h40 GMT 6h40, heure de Montréal).

Des habitants de Trincomalee, un port situé dans l'est, ont rapporté que des milliers de personnes avaient quitté leur domicile et que le trafic ferroviaire côtier avait été suspendu.

En Thaïlande, les autorités ont demandé aux populations vivant sur les côtes de la mer Andaman d'évacuer.

Un peu partout sur les côtes de ce pays, les autorités ont installé ces dernières années des panneaux indiquant la direction des collines environnantes. Certains grands hôtels se sont équipés de tours capables d'accueillir leurs clients et les membres de leur personnel en cas de tsunami.

Le vice-amiral Tharathorn Jaritsuwan, commandant de la flotte de la région sud de la Thaïlande, a indiqué que la marine était prête à intervenir et la première ministre Yingluck Shinawatra a convoqué un conseil des ministres extraordinaire.

L'île de Sumatra, située dans le nord-ouest de l'archipel indonésien, avait été secouée le 26 décembre 2004 par un très fort tremblement de terre, de magnitude 9,3, qui avait provoqué un tsunami sur les côtes d'une dizaine de pays d'Asie du Sud-Est faisant plus de 220 000 morts, dont 170 000 à Aceh.