Les États-Unis ont suspendu les livraisons d'aide alimentaire à la Corée du Nord, décidées fin février en échange d'un moratoire sur les activités nucléaires et balistiques de Pyongyang, a affirmé mercredi un haut responsable du Pentagone.

«Nous avons été forcés de suspendre notre assistance alimentaire à la Corée du Nord» en raison de la décision de Pyongyang de lancer en avril une fusée, officiellement chargée de placer en orbite un satellite, a déclaré Peter Lavoy, adjoint au secrétaire à la Défense chargé des affaires asiatiques, devant des élus du Congrès.

La Corée du Nord a accepté le 29 février la mise en place d'un moratoire sur les lancements de missiles à longue portée, sur les essais nucléaires et les activités d'enrichissement d'uranium menées à son usine de Yongbyon.

En échange, les États-Unis se sont engagés à livrer 240 000 tonnes d'aide alimentaire (huile végétale, légumes secs et repas préparés), destinés aux enfants et aux femmes enceintes, selon Washington qui précisait que les livraisons seraient étroitement surveillées afin d'éviter que l'aide soit détournée au profit de l'armée.

«L'accord interdisait explicitement aux Nord-Coréens de lancer des missiles et nous leur avions indiqué que le lancement d'un satellite serait interprété comme un lancement de missile, car il utilise la même technologie», a expliqué Peter Lavoy aux parlementaires.

La fusée nord-coréenne devrait être lancée entre le 12 et le 16 avril, pour marquer le centenaire de la naissance du fondateur de la dictature communiste, Kim Il-sung.

Les États-Unis et leurs alliés dénoncent un tir déguisé de missile, en infraction aux résolutions de l'ONU, qui interdisent à la Corée du Nord de procéder à des essais nucléaires ou balistiques.

«Cela montre leur manque de volonté de respecter leurs engagements», a estimé Peter Lavoy devant les élus de la commission de la Défense de la Chambre des représentants.

Le haut responsable du Pentagone n'a pas précisé si les livraisons d'aide alimentaire avaient effectivement débuté, mais il a jugé que la suspension du programme était notamment due «au manque de confiance dans les mécanismes de contrôle destinés à s'assurer que l'aide alimentaire va aux personnes qui meurent de faim et non à l'élite du régime».

Dès la signature de l'accord, les responsables américains avaient fait preuve de prudence, la secrétaire d'État Hillary Clinton et la Maison-Blanche prévenant que le régime, dirigé depuis décembre par le fils de Kim Jong-il, Kim Jong-un, serait «jugé sur ses actes».

Depuis 1995, les pays étrangers ont livré plus de 12 millions de tonnes de nourriture à la Corée du Nord, selon un rapport du service de recherche du Congrès américain publié en juin 2011. La Chine, la Corée du Sud, les États-Unis et le Japon ont apporté 80% de cette aide, Pékin étant le plus grand donateur.

La Corée du Nord souffre de pénuries alimentaires chroniques et a connu une famine meurtrière lors de la deuxième moitié des années 90, qui a tué des centaines de milliers de personnes selon les ONG.