Des combats entre armée et rebelles et un attentat-suicide à la sortie d'une mosquée ont fait au moins 55 morts vendredi dans une zone tribale du nord-ouest du Pakistan frontalière de l'Afghanistan, selon les autorités locales.    

Les deux incidents ont eu lieu à quelques heures d'intervalle à Tirah, une vallée du district tribal de Khyber, bastion du groupe rebelle du Lashkar-e-Islam dirigé par le chef de guerre Mangal Bagh.

L'attentat-suicide a frappé une foule de fidèles qui sortaient d'une mosquée après la grande prière du vendredi dans une zone tenue par les rebelles.

«Au moins 22 personnes ont été tuées et 20 blessés», a déclaré à l'AFP Jamilur Rehman, un responsable administratif du district, en précisant que le nombre de victimes pourrait augmenter.

«La mosquée se trouve dans une zone contrôlée par Mangal Bagh. La plupart des hommes tués dans l'attentat faisaient partie de son groupe», a-t-il précisé.

Dans la matinée, le Lashkar-e-Islam avait attaqué un poste de contrôle de l'armée dans la même vallée, provoquant des combats. «Au moins dix soldats ont été tués et trois blessés, et 23 rebelles sont morts dans l'affrontement, qui a duré six heures», a indiqué un responsable local des services de sécurité.

Ce bilan, confirmé à l'AFP par plusieurs responsables militaires à Peshawar, était toutefois impossible à confirmer de manière indépendante, l'armée restreignant l'accès à la zone.

Principalement implanté dans la Khyber, le Lashkar-e-Islam n'est pas une composante majeure de la rébellion pakistanaise menée par les talibans.

S'il peut entretenir des liens avec certains talibans, il est surtout considéré proche des mafias, nombreuses dans ce district stratégique abritant le principal point de passage en Afghanistan depuis le nord-ouest du Pakistan.

L'armée et la rébellion se sont affrontées régulièrement ces derniers mois dans plusieurs zones tribales, dont la Khyber. En octobre dernier, environ 18 000 habitants avaient fui le district par peur des combats.

Les talibans pakistanais alliés à Al-Qaïda avaient décrété en 2007 le djihad contre le gouvernement pour le punir de son alliance avec les États-Unis dans leur «guerre contre le terrorisme». Ils sont les principaux responsables d'une vague d'attentats qui a tué depuis près de 5000 personnes à travers le pays.

Après une trêve relative de quelques mois, que les observateurs ont attribuée aussi bien à des tentatives de négociations avec des factions dissidentes des talibans qu'aux coups de boutoir assénés par l'armée pakistanaise et les drones américains, les attentats semblent reprendre depuis fin janvier dans le nord-ouest, notamment dans sa principale ville, Peshawar.

Vendredi matin, un agent des services secrets pakistanais y a été tué par des hommes armés à moto, a indiqué à l'AFP la police.