Le patron de la Commission pour les droits de l'homme en Birmanie a écarté mardi l'hypothèse d'enquêtes sur les violences dans les zones ethniques, estimant qu'elles risqueraient actuellement de perturber les efforts de paix.

Des combats se poursuivent dans l'État Kachin (nord) et fragilisent les négociations entamées ces derniers mois par le nouveau régime, qui a signé des cessez-le-feu notamment avec des groupes rebelles karens et shans.

Mais Win Mra, patron de la commission mise en place en septembre dernier par le nouveau régime de Naypyidaw, a estimé que des enquêtes dans les zones de combats n'étaient «pas appropriées au jour d'aujourd'hui».

«Avec l'établissement de la paix, d'autres problèmes tels que les violations des droits de l'homme et les atrocités présumées contre les groupes ethniques vont aussi s'estomper en arrière-plan», a-t-il estimé dans une conférence de presse à Bangkok.

Fin janvier, l'organisation Human Rights Watch (HRW) a assuré que les exactions de l'armée birmane contre les minorités s'étaient poursuivies l'an dernier malgré les réformes politiques.

De nombreuses minorités, qui forment un tiers des 60 millions de Birmans, n'ont pas pacifié leurs rapports avec le pouvoir depuis l'indépendance en 1948. Une guerre civile oppose depuis certains d'entre eux à l'armée pour plus d'autonomie.

Le dossier est considéré comme fondamental pour l'avenir du pays, dirigé depuis mars 2011 par l'ancien général Thein Sein, qui s'est ouvert à l'opposition démocratique de Rangoun et a promis aux Occidentaux de progresser sur le front des minorités pour obtenir la levée des sanctions.

Win Mra a reconnu que les abus se poursuivaient. Il a évoqué des disputes sur les terres et les mauvais traitements par des responsables locaux comme des sources majeures de mécontentement, alors que des organisations évoquent les viols, les exécutions, le travail forcé et l'enrôlement d'enfants-soldats.

«Vous avez raison de dire que les atteintes aux droits de l'homme se poursuivent parce que c'est quelque chose qui ne peut être résolu rapidement», a-t-il déclaré. «C'est un processus, comme vous le savez, mais je pense que nous avons commencé à nous atteler à ce problème».