Dans la vie comme dans la mort, l'ancien dirigeant nord-coréen Kim Jong-il aura laissé le monde entier sur le qui-vive alors que l'agence nationale de presse n'a dévoilé aucun détail relatif à ses funérailles, mercredi.

M. Kim, qui a mené la Corée du Nord d'une main de fer après la mort de son père, Kim Il-sung, en 1994, est décédé d'une crise cardiaque le 17 décembre, selon l'agence nationale de presse. Il était âgé de 69 ans. Son successeur doit être son fils Kim Jong Un, déjà baptisé «leader suprême» du parti, de l'État et de l'armée.

Après 11 jours de deuil, les funérailles devaient avoir lieu mercredi, suivies d'un service commémoratif jeudi. Des organisations de presse étrangères basées à Pyongyang, notamment l'agence russe ITAR-Tass et l'agence chinoise Xinhua, ont annoncé, tard mercredi matin, que les funérailles avaient commencé.

Cependant, l'unique station de télévision de la Corée du Nord ne diffusait que des images vidéos de citoyens en larmes défilant devant le cercueil de Kim Jong-il, d'un orchestre jouant des odes à la mémoire de l'ancien leader et des images d'archives montrant M. Kim effectuant des visites de reconnaissance sur le terrain.

Sur l'heure du midi, un animateur vêtu d'un complet foncé a lu, d'un ton solennel, une dépêche relatant le moment où Kim Jong Un, accompagné de responsables du parti et des autorités militaires, s'est rendu devant le cercueil de son père, mardi.

L'animateur a noté que la dépouille de Kim Jong-il reposait en chapelle ardente au Palais mémorial Kumsusan, laissant ainsi sous-entendre que le cercueil de l'ancien dirigeant avait été déplacé.

Une cérémonie privée à laquelle devait assister Kim Jong Un et de hauts responsables du parti et de l'armée devait avoir lieu dans un sanctuaire de Kumsusan.

Les dignitaires étrangers avaient été invités à se rendre à une enceinte sportive peu avant midi pour ensuite être transportés à Kumsusan afin de voir passer le corbillard au départ d'une procession funéraire à travers la capitale nord-coréenne, selon un diplomate rejoint mercredi à Pyongyang.

Une forte neige tombait sur Pyongyang, ce qui, selon ce qu'avait fait remarquer l'agence de presse nationale durant les premiers jours de deuil, se voulait une preuve que «même le ciel était éploré».

Les deux jours de funérailles du dirigeant nord-coréen Kim Jong-il, mercredi et jeudi, devaient être l'occasion d'examiner les moindres détails de la cérémonie pour tenter de déterminer qui aura les faveurs de l'héritier du pouvoir au sein de l'hermétique régime de Pyongyang, et qui en sera écarté.

C'était déjà le jeu auquel s'étaient livrés les observateurs en 1994, lors du précédent passage de relais entre Kim Il-sung, le fondateur du régime communiste, et son fils Kim Jong-il.

Ce dernier, dont le corps est exposé au mausolée où repose déjà la dépouille embaumée de son père, a renforcé le poids de l'armée dans le régime au cours de son règne, en célébrant chaque occasion avec de grands défilés à la chorégraphie méticuleuse.

En 1994, les funérailles de Kim Il-sung avaient été scrutées à la loupe. La liste des noms de la commission chargée de les organiser avait été analysée attentivement pour tenter d'y déchiffrer qui allait être promu par le nouveau chef d'État et qui allait tomber en disgrâce. Il en est de même aujourd'hui, cette liste de 232 noms ayant été disséquée depuis sa publication la semaine dernière.

Si l'on s'attend à un immense cortège funèbre dans les rues de Pyongyang mercredi, les bégonias rouges adoptés comme fleur symbole par Kim Jong-il viendront sans doute remplacer les magnolias qui avaient accompagné le cercueil de Kim Il-sung.

Selon la presse officielle, les cérémonies d'adieu pour Kim Jong-il devraient débuter jeudi à la mi-journée, avec des salves d'honneur, trois minutes de silence, et les sonneries des navires et des locomotives dans tout le pays.

Les cérémonies ne devraient cependant pas venir faire de l'ombre aux funérailles de Kim Il-sung, estime le professeur Jeong Jin-gook, du Collège Daejeon, en Corée du Sud. «Kim Il-sung reste encore le plus respecté des Nord-Coréens», a-t-il dit.