Après avoir décrété la «fin de l'étape 2» signifiant la stabilisation de la centrale accidentée de Fukushima, le gouvernement japonais va redéfinir le périmètre interdit pour permettre un retour progressif de la population là où ce sera possible.

«L'étape 2 terminée, nous allons étudier le problème de la zone interdite», a confirmé le premier ministre, Yoshihiko Noda.

Juste après l'accident de Fukushima Daiichi, provoqué par le séisme et le tsunami du 11 mars, l'État a interdit l'accès à un rayon de 20 km autour de la centrale et évacué plusieurs localités plus distantes où la dose d'exposition aux radiations est supérieure à 20 millisieverts par an.

La phase aiguë étant considérée comme terminée dans le complexe atomique, grâce au rétablissement de systèmes de refroidissement, au maintien de la température des réacteurs sous 100 degrés Celsius et à la limitation des rejets radioactifs, l'État estime que les niveaux de rayonnements alentour n'augmenteront plus et qu'une décontamination est partiellement possible à moyen terme.

Selon les hypothèses désormais discutées, les autorités pourraient annuler à compter du mois d'avril la zone interdite des 20 km et créer trois nouvelles aires de statut différent en fonction des niveaux de radioactivité.

«La contamination est très variable et ne dépend pas uniquement de la distance, elle est surtout liée à la direction des vents et aux précipitations après l'accident», souligne le professeur Tatsuhiko Kodama, directeur du centre Radioisotope de l'Université de Tokyo.

«Même dans la zone interdite des 20 km, il y a des lieux où la radioactivité est très faible, proche de la norme internationale habituelle. Dans ces endroits, on peut envisager le retour progressif des personnes», précise-t-il.

«Nous allons en débattre de façon très approfondie avec les autorités locales», a précisé Goshi Hosono, ministre de l'Environnement chargé du traitement de l'accident.

Le gouvernement envisage selon lui de créer une «zone de préparation au retour» là où la dose d'exposition aux radiations est comprise entre 1 et 20 millisieverts par an.

Cette aire serait en priorité décontaminée, pour s'approcher le plus possible du seuil de 1 millisievert par an, limite légale habituelle.

«Il est techniquement possible de faire chuter le niveau en coupant les arbres, en enlevant une partie de la terre, puisque la concentration se trouve dans les dix premiers centimètres. Cela prend un temps extrêmement long et coûte très cher», explique M. Kodama.

Cependant, pour rendre les lieux viables, il faudra aussi remettre en état les infrastructures, après neuf mois d'inactivité et du fait des dégâts causés par le séisme et le tsunami.

Devrait aussi être créée une «zone d'habitat limité», là où la dose de radiations se situe entre 20 et 50 millisieverts par an. Les localités concernées seront encore interdites plusieurs années, mais la décontamination y sera entreprise pour ramener le niveau en deçà de 20 millisieverts par an et permettre le retour des personnes par la suite.

La troisième aire, où l'exposition aux rayonnements dépasse 50 millisieverts par an, sera décrétée «zone de retour difficile», un euphémisme signifiant inhabitable.

Il s'agit essentiellement d'une bande nord-ouest au départ de la centrale, où la contamination a été très forte. Elle restera totalement déserte pendant plus d'une décennie au moins. L'État devrait proposer aux habitants le rachat des terres sacrifiées.

«En certains endroits, le retour sera impossible. Il faut le dire clairement aux habitants», conseille M. Kodama.

Plus de 80 000 personnes ont été forcées par le gouvernement d'abandonner leur domicile à cause de l'accident de Fukushima et des milliers d'autres ont fui de leur propre chef, mais beaucoup espèrent revenir, bien que sachant la décontamination difficile.

Le démantèlement des quatre réacteurs les plus endommagés du complexe atomique saccagé exigera environ 40 ans selon le gouvernement.