Les autorités pakistanaises vont déployer des centaines de policiers, dont des tireurs d'élite, autour des églises le week-end prochain pour éviter toute attaque contre la minorité chrétienne lors des célébrations de Noël, a annoncé mercredi la police.

La plupart des chrétiens pakistanais, minorité représentant à peine 3% de la population, vivent dans la région de Lahore (est), la capitale culturelle du pays, où 433 églises sont recensées selon la police.

«Nous allons déployer 2500 policiers, dont des tireurs d'élite, pour les protéger à Noël», a déclaré à l'AFP un porte-parole de la police locale, Nayab Haider.

Plusieurs attaques interconfessionnelles ont été perpétrées ces dernières années à Lahore, attribuées aux talibans et à d'autres groupes radicaux fondamentalistes, dans le cadre de la vague d'attentats qui a tué plus de 4700 personnes à travers le pays depuis juillet 2007.

Les récents kidnappings à Lahore d'un Américain travaillant dans le développement et du fils de Salman Taseer, un politicien libéral de premier plan tué en début d'année, nourrissent les craintes de nouvelles violences dans cette ville de huit millions d'habitants.

«Nous avons placé sous surveillance renforcée 38 églises considérées comme menacées, notamment 20 où des étrangers devraient assister à la messe de Noël», a expliqué M. Haider.

La circulation sera interdite devant ces églises, chacune sera gardée par sept policiers et un tireur d'élite, a-t-il précisé.

«La police va également installer des portiques et gardes de sécurité à l'entrée de toutes les églises», a-t-il précisé.

Aucune attaque spécifique n'a visé les chrétiens du Pakistan ces dernières années à Noël. Et si aucune menace particulière n'a été émise cette année, M. Haider a fait état d'un «climat général» propice à des violences, dans un pays où les attaques interconfessionnelles sont en hausse.

Le Vatican souligne souvent la discrimination dont sont victimes les chrétiens du Pakistan, souvent très pauvres, symbolisée récemment par le cas d'Asia Bibi, une mère de famille condamnée à mort et emprisonnée pour avoir blasphémé contre le prophète Mahomet, une sentence contre laquelle elle a fait appel.

Mardi, la Fondation Masihi, un groupe pakistanais de défense des droits de l'homme, a prévenu que Mme Bibi, 46 ans, se trouvait dans un état physique et moral «très fragile». Le pape Benoît XVI et plusieurs responsables occidentaux se sont émus de son sort ces derniers mois et ont demandé sa grâce.