Le décès du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Il ouvre une période d'incertitude dans la région, mais suscite également les espoirs de nombreux pays de la communauté internationale, qui entrevoient des possibilités de changements pour le pays, parmi les plus fermés au monde.

Dès l'annonce de la mort de Kim Jong-Il, qui dirigeait la Corée du Nord d'une main de fer depuis dix-sept ans, la Corée du Sud a placé son armée en état d'alerte, tandis que le président Lee Myung-Bak convoquait un Conseil de sécurité national.

L'annonce de deux essais de missile à courte portée au large des côtes orientales ne devrait pas atténuer les craintes de ses voisins asiatiques.

«Nous devons faire en sorte que cette mort soudaine n'ait pas de conséquences négatives sur la paix et la stabilité dans la péninsule coréenne», a pour sa part souligné le premier ministre japonais Yoshihiko Noda.

Les États-Unis ont réagi avec prudence, insistant sur la «stabilité» de la région, mais se gardant de commenter sur le fond la disparition de l'un de leurs ennemis les plus acharnés et les plus imprévisibles.

La secrétaire d'État américaine Hillary Clinton s'est prononcée pour une «transition stable et pacifique», en se déclarant également «préoccupée pour le bien-être de la population nord-coréenne».

Le président Barack Obama a réaffirmé l'engagement de Washington à assurer la sécurité de son allié du Sud, et la Maison-Blanche a appelé Pyongyang à respecter ses obligations internationales, «notamment en agissant conformément à ses engagements vis-à-vis de la dénucléarisation».

L'ONU continuera d'aider le peuple de Corée du Nord après la mort de son dirigeant Kim Jong-Il, a assuré lundi le porte-parole des Nations unies Farhan Haq. «Le secrétaire général (Ban Ki-moon) réaffirme son engagement pour la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne», a-t-il ajouté.

La Chine, un des rares alliés du régime communiste, a transmis ses «profondes condoléances» au peuple nord-coréen, certains analystes s'attendant à ce que Pékin renforce son soutien à la Corée du Nord pour éviter une déstabilisation chez son voisin qui déboucherait sur un afflux de réfugiés.

Kim Jong-Il, décédé samedi d'une crise cardiaque, lègue à son fils Kim Jong-Un un pays parmi les plus pauvres et fermés au monde, doté de l'arme nucléaire et isolé sur le plan diplomatique.

Mais la mort du «Cher leader» peut également être une «chance» selon de nombreux pays, qui espèrent ainsi une reprise des négociations sur le nucléaire et l'amélioration, en échange, des conditions de vie.

En France, le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé a exprimé l'espoir «qu'un jour le peuple de la Corée du Nord pourra retrouver sa liberté». «La mort d'un homme, ce n'est jamais réjouissant, mais la souffrance d'un peuple m'attriste, c'est cela qui est important», a-t-il souligné, alors que le président de l'Union européenne Herman Van Rompuy a appelé le futur dirigeant du pays à s'engager pour «la paix et la stabilité».

Pour William Hague, le ministre des Affaires étrangères britannique, la disparition de Kim Jong-Il «pourrait être un tournant pour la Corée du Nord». «Nous espérons que le nouveau pouvoir réalisera que c'est en s'impliquant dans la communauté internationale qu'il aura les meilleures chances d'améliorer les conditions de vie du peuple nord-coréen», a-t-il dit.

Ce décès constitue une «chance pour des changements en Corée du Nord», a également estimé un porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères. «Celui qui prendra la direction du pays (...) devra s'engager à améliorer la situation désespérée de la population, conduire à une ouverture du pays et accepter des libertés démocratiques, combattre la pauvreté et surtout stopper le programme nucléaire qui affaiblit certainement plus le pays qu'il ne le renforce», a-t-il dit.

Pyongyang s'était officiellement retiré des pourparlers en avril 2009, un mois avant de procéder à un deuxième essai nucléaire.

Même la Birmanie, pourtant soupçonnée de liens avec Pyongyang notamment sur des programmes d'armement, estime que «les choses peuvent changer» en Corée du Nord, a indiqué un haut responsable à l'AFP.

«Nous ne connaissons pas bien son successeur, son fils. Mais nous pensons que les choses peuvent changer sous son mandat, notamment sa politique économique», a-t-il ajouté.

En Iran, qui fut rangé par l'ex-président américain George Bush aux côté de Pyongyang dans un «axe du mal», le président du Parlement à présenté ses condoléances, tout comme le président vénézuélien Hugo Chavez et la présidence de Russie, où le défunt s'était rendu l'été dernier.