Le gouvernement japonais a décrété vendredi l'état d'arrêt à froid des réacteurs accidentés de la centrale de Fukushima, une étape importante qui marque la stabilisation du site, mais la «bataille n'est pas pour autant terminée», a prévenu le premier ministre.

Lors d'une réunion de la cellule ministérielle sur l'accident nucléaire, le chef du gouvernement, Yoshihiko Noda, a confirmé que les installations avaient atteint «l'état d'arrêt à froid».

«Nous avons confirmé techniquement que l'eau de refroidissement circule de façon régulière et que les températures au fond de la cuve des réacteurs et à l'intérieur des enceintes de confinement sont maintenues sous les 100 degrés», a-t-il expliqué lors d'une conférence de presse.

«En conséquence, les émissions radioactives peuvent être contenues à un niveau suffisamment bas à l'extérieur des installations de la centrale, même en cas de nouvel accident», a-t-il dit.

L'état d'arrêt à froid était un des objectifs clefs de «l'étape 2 du plan de travail» établi par la compagnie Tokyo Electric Power (Tepco) dans le but de venir à bout de cette catastrophe provoquée par le séisme et le tsunami du 11 mars.

«Le gouvernement et Tepco utilisent l'expression «arrêt à froid» dans un sens différent de l'acception habituellement employée pour un réacteur sain», a souligné Takashi Sawada, le vice-président de la Société japonaise de l'Énergie atomique.

Dans une centrale en exploitation, l'arrêt à froid permet de procéder à des opérations de maintenance.

En revanche, dans le cas de Fukushima Daiichi, où le combustible a fondu, a percé les cuves et est tombé au fond de l'enceinte de confinement de trois des six réacteurs, l'arrêt à froid ne veut pas dire que l'on va pouvoir intervenir librement à l'intérieur, à cause d'une radioactivité surélevée.

Le fait de parvenir à la fin de l'étape 2 ne signifie pas une quelconque sortie de crise, a reconnu le gouvernement.

«Cela ne change rien au fait que nous avons encore de nombreux défis à relever», a averti M. Noda, en citant la décontamination de la zone et le traitement des gravats.

«Il ne s'agit pas de se reposer, il faut à tout prix maintenir la même attention pour que cette stabilisation dure», a souligné un expert interrogé par l'AFP.

À plus long terme, M. Noda a promis que les autorités allaient agir «de toutes leurs forces jusqu'au démantèlement» des réacteurs accidentés, une tâche complexe qui pourrait prendre entre 30 et 40 ans.

Les températures au fond des cuves des réacteurs 1 à 3, les plus endommagés, étaient passées sous 100 degrés entre août et septembre, et ont été maintenues à ce niveau grâce à l'installation de systèmes de refroidissement en continu, un point essentiel qui marquait l'achèvement de l'étape 1 en juillet.

Les émissions radioactives ont quant à elles été réduites depuis grâce à différentes dispositions complémentaires, dont la couverture du réacteur 1, avant celle prévue des unités 3 et 4.

L'accomplissement de l'étape 2 comprenait divers autres objectifs pour maîtriser les installations et prévenir les dangers.

L'Agence de sûreté nucléaire estime à présent que la centrale est en situation relativement sûre, grâce notamment à la mise en place d'équipements de secours en lieu protégé, dispositifs destinés à garantir un refroidissement permanent du combustible même en cas de nouveau séisme ou tsunami.

Les phases suivantes vont consister à optimiser les moyens en oeuvre pour continuer de réduire les rejets, sécuriser le site et préparer son démantèlement.

Parallèlement, les autorités vont devoir s'occuper des alentours pollués et des dizaines de milliers de riverains évacués, a rappelé M. Noda, en présentant un plan pour la décontamination, l'amplification du contrôle sanitaire des personnes et de nouveaux moyens de mesures de la radioactivité en temps réel, ainsi qu'un plus sévère contrôle des aliments.

«Nous allons proposer un plan de réaménagement de la zone interdite» de 20 km de rayon autour du site, en tenant compte de la radioactivité ambiante, a-t-il par ailleurs confirmé.

Plusieurs ministres rencontreront les autorités locales à Fukushima dès cette fin de semaine pour en discuter, a précisé le chef du gouvernement.