Les autorités pakistanaises ont donné le feu vert aux bombardements de l'OTAN qui ont provoqué la mort de 24 soldats pakistanais la semaine dernière, ignorant que leurs propres troupes étaient dans la région, affirme vendredi le Wall Street Journal citant à l'appui des enquêteurs américains.

Le quotidien a interrogé des responsables américains appartenant à l'équipe d'enquêteurs chargés de rendre un premier rapport, d'ici au 23 décembre, sur les circonstances de la pire erreur de la force internationale de l'OTAN (ISAF), commandée par les États-Unis, depuis que le Pakistan s'est rallié à la «guerre contre le terrorisme» américaine il y a dix ans.

Ces enquêteurs ont expliqué qu'un groupe de soldats afghans, parmi lequel se trouvaient des Américains, étaient en train de traquer des talibans juste à la frontière pakistano-afghane quand ils ont essuyé des tirs provenant de ce qu'ils pensaient être d'un cantonnement ennemi.

Des membres du groupe ont alors appelé un centre de commandement et de contrôle dirigé par des Américains, des Pakistanais et des Afghans: les responsables pakistanais leur ont assuré qu'il n'y avait aucune force amie dans la zone, donnant leur autorisation à une riposte aérienne, ont rapporté les enquêteurs.

Les responsables cités par le journal reconnaissent néanmoins des erreurs des deux côtés. «De nombreuses erreurs ont été faites. Personne ne savait exactement qui était là et qui faisait quoi», a expliqué une des ces sources.

Ces responsables ont par ailleurs précisé qu'il s'agissait d'un rapport fait à partir des premiers interrogatoires des forces impliquées et que son contenu était amené à changer si d'autres détails venaient à être fournis.

Le Pentagone a toujours insisté sur le fait que cette attaque aérienne sur les forces pakistanaises n'avait pas été intentionnelle, mais les États-Unis se gardent de présenter des excuses, jugées indispensables par les analystes pakistanais pour qu'Islamabad revienne sur ses représailles.

Si l'OTAN a regretté un «incident tragique» et «involontaire», l'armée pakistanaise, déjà humiliée par le raid d'Abbottabad contre Ben Laden et secouée par une colère antiaméricaine grandissante, a, pour sa part, dénoncé une «agression délibérée».