Le président américain s'est dit prêt à une «nouvelle ère» dans les relations avec la Birmanie si le cap des réformes est maintenu et a apporté son soutien indéfectible à l'opposante Aung San Suu Kyi dans des lettres remises jeudi par sa secrétaire d'État Hillary Clinton.

«J'attends avec impatience d'entendre les résultats tangibles des discussions de (Mme Clinton) qui, nous l'espérons tous, nous mettront sur le chemin d'une nouvelle ère dans nos relations bilatérales», a-t-il écrit dans une première lettre remise jeudi à Naypyidaw aux dirigeants birmans par Hillary Clinton, premier chef de la diplomatie américaine à visiter le pays depuis plus de cinquante ans.

Washington veut «explorer la façon dont les États unis peuvent soutenir et faire avancer vos efforts vers la transition vers la démocratie et promouvoir la protection des droits de l'homme», a-t-il poursuivi.

Ce geste du président Obama, décrit par les diplomates américains comme un signe qu'il est prêt à engager son nom dans la stratégie de dialogue avec Naypyidaw, intervient après huit mois de réformes spectaculaires depuis la dissolution en mars de la junte, qui a transféré ses pouvoirs à un gouvernement dit «civil».

Dans un pays toujours dominé par les militaires, le nouveau régime «civil» a notamment encouragé le retour au coeur du jeu politique de Mme Suu Kyi qui a affirmé son intention de se présenter aux prochaines élections partielles.

Après une rencontre jeudi avec le président Thein Sein, Mme Clinton a indiqué que le gouvernement avait promis de poursuivre les réformes, mais a souligné qu'il devrait faire plus s'il veut mettre un terme à son isolement international.

«Nous ne sommes pas encore au point où nous pouvons envisager de lever les sanctions», a insisté Mme Clinton. Des sanctions mises en place à la fin des années 1990 et dont la Chine, puissant allié et voisin de la Birmanie, a réclamé la fin jeudi.

«J'ai dit aux dirigeants que nous envisagerions certainement d'atténuer et de mettre fin aux sanctions à mesure que nous avançons dans ce processus ensemble», a ajouté la secrétaire d'État.

Thein Sein n'a malgré tout pas hésité à qualifier cette visite d'«historique» et de «nouveau chapitre dans les relations» entre les deux pays, lors d'une rencontre dans son imposant palais de Naypyidaw, au milieu des lustres géants et des fauteuils dorés.

Mme Clinton a de son côté évoqué jeudi quelques gestes américains, invitant notamment la Birmanie à rejoindre en tant qu'observateur un programme américain de coopération sur la santé et l'environnement en Asie du Sud-Est.

«Ce sont des étapes progressives et nous sommes prêts à aller plus loin si les réformes gardent leur élan. Dans cet esprit, nous discutons de ce qu'il faudrait pour améliorer les relations diplomatiques et échanger des ambassadeurs», a-t-elle déclaré.

Les États-Unis sont représentés en Birmanie par un chargé d'affaires depuis les élections de 1990 remportées par la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de Mme Suu Kyi, jamais autorisée à exercer le pouvoir.

Mme Clinton a dîné jeudi soir à Rangoun avec l'opposante, interlocutrice incontournable de l'Occident dont le feu vert est probablement indispensable à la levée des sanctions, et doit à nouveau s'entretenir avec elle vendredi.

«Nous nous tiendrons toujours à vos côtés», lui a écrit le président Obama, assurant qu'il «admire depuis longtemps (son) combat courageux et sans relâche pour la démocratie».

«Merci pour l'inspiration que vous avez donnée à tous ceux d'entre nous, à travers le monde, qui partagent les valeurs de démocratie, des droits de l'homme et de la justice».

La secrétaire d'État a d'autre part appelé à la libération de tous les prisonniers politiques. Entre 500 et plus de 1600, selon les estimations, sont toujours derrière les barreaux.

Elle a enfin salué les efforts du gouvernement qui a commencé des discussions avec les minorités ethniques qui se battent depuis des décennies pour plus de droits et d'autonomie.

«Mais tant que les violences terribles continuent dans ce qui est l'un des conflits intérieurs les plus anciens, il sera difficile de commencer un nouveau chapitre».