La traditionnelle parade des chefs d'État en costume folklorique a fait sa réapparition jeudi à un sommet asiatique à Bali, quelques jours à peine après avoir été remisée par Barack Obama au rang des choses à «abandonner».

Selon une tradition vieille de presque 20 ans, les chefs d'État sont apparus pour une soirée informelle dans la luxueuse station balnéaire de Nusa Dua, revêtus de vêtements typiques du pays hôte, en l'occurrence des chemises confectionnées en tenun ikat, tissu indonésien tissé en fibres teintes.

Le président américain arborait ainsi une chemise à dominante verte, la première ministre australienne Julia Gillard des tons bordeaux, le premier ministre chinois une chemise au rouge tout communiste, couleur également choisie par Yingluck Shinawatra, la première ministre thaïlandaise, en référence aux «chemises rouges», partisans de son frère, l'ex-chef du gouvernement Thaksin, aujourd'hui en exil.

La tradition du costume folklorique aux sommets asiatiques et du Pacifique remonte à 1993, quand le président américain Bill Clinton avait lancé la mode au sommet de Seattle avec des blousons d'aviateur. Depuis, les dirigeants de l'APEC posaient en costume local, sans échapper au poncho chilien à Santiago en 2004 ou une tunique en soie bleue et or en Corée du Sud en 2005.

Dimanche dernier pourtant, les dirigeants réunis à Hawaii n'avaient pas eu le droit de poser en chemisette hawaïenne pour la traditionnelle photo de famille, leur hôte Barack Obama jugeant visiblement la coutume un rien ridicule.

«En voyant les photos des sommets précédents, j'ai conclu que c'était une tradition qu'on pouvait abandonner», avait-il expliqué en conclusion de ce sommet organisé dans sa terre natale d'Hawaii.

«Je n'ai pas entendu beaucoup de plaintes à ce sujet», avait ajouté, pince-sans-rire, le président américain.

Le précédent sommet de l'APEC, l'an dernier au Japon, avait déjà rompu avec la tradition, mais les épouses des dirigeants invités avaient dû revêtir de splendides kimonos.