L'ancienne présidente des Philippines Gloria Arroyo, qui veut partir à l'étranger se faire soigner, a été arrêtée vendredi après avoir été inculpée de fraude électorale, a indiqué la police.

Gloria Arroyo, 64 ans, risque la prison à vie si elle est reconnue coupable.

«Elle est actuellement sous la garde de la police du district du sud», a déclaré le responsable de la police James Bucayo en fin de journée, aux journalistes rassemblés devant l'hôpital où l'ex-dirigeante a été arrêtée.

«Nous ne la faisons pas sortir à cause de son état de santé. Nous avons placé des gardes de la police devant les portes de sa chambre», a-t-il ajouté.

Depuis le début de la semaine, Mme Arroyo, au pouvoir de 2001 à 2010, a cherché à quitter le pays, affirmant qu'elle devait être soignée d'urgence pour une maladie rare de la moelle épinière.

Le gouvernement l'en a empêchée, bien que la Cour suprême du pays ait jugé cette interdiction inconstitutionnelle.

Quelques heures auparavant, la Commission électorale avait décidé de l'inculper. «Nous venons de recevoir les résultats de l'enquête et nous pensons qu'il y a suffisamment de choses pour justifier une inculpation, donc nous le faisons», avait déclaré James Jimenez, porte-parole de la Commission, à la télévision GMA.

Les personnes inculpées de fraude électorale sont placées en détention en attendant leur procès, sans possibilité de libération sous caution, a-t-il ajouté.

La justice a lancé un mandat d'arrêt à l'encontre de l'ancienne présidente, suite à la décision de la Commission électorale.

Selon la Commission des élections, Gloria Arroyo a ordonné une fraude massive lors des élections sénatoriales de 2007, privant ainsi de la victoire un candidat de l'opposition.

La fraude avait eu lieu à Maguindanao, une province pauvre du sud du pays, dirigée par le clan Ampatuan, réputé proche des Arroyo. Le clan Ampatuan régnait de facto sur cette province, via une milice privée. Plusieurs membres de la famille sont actuellement jugés pour le massacre, qui leur est imputé, de 57 personnes en 2009.

«Ils font tout ce qu'ils peuvent pour l'empêcher» de partir, a déclaré Raul Lambino, avocat de Mme Arroyo. «Ils violent les règles élémentaires de la procédure. Il est clair que cette décision était courue d'avance».

Après neuf ans de pouvoir, assombris par des rumeurs de corruption et de manipulation des votes, Gloria Arroyo avait été battue lors des élections de mai 2010 par Benigno Aquino, fils de l'ancienne présidente Corazon Aquino.

Peu après son élection, le nouveau président avait indiqué qu'une de ses priorités serait de traîner en justice Mme Arroyo.

«Nous avions promis aux Philippins qu'elle serait traduite devant la justice, et maintenant elle le sera», a déclaré le porte-parole du président Benigno Aquino, Ramon Carandang, depuis Bali, en marge du sommet de l'ASEAN.