Le principal parti de l'opposition birmane, emmené depuis vingt ans par Aung San Suu Kyi, devait se réunir vendredi à Rangoun pour décider ou non de se réenregistrer officiellement, un an et demi après sa dissolution par la junte militaire.

Une centaine de cadres du comité central de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) débattront à partir de 10h00 locales de l'opportunité de redevenir un parti légal alors que se profilent dans quelques mois des législatives partielles.

Le vote ne semblait guère laisser de place au doute après les déclarations jeudi à la télévision britannique BBC de la lauréate du prix Nobel de la paix.

«Dans l'ensemble, je pense que la grande majorité (de nos membres) vont se prononcer pour le ré-enregistrement», a-t-elle déclaré.

«Nous déciderons (...) de quand nous pensons qu'il est opportun d'entrer au parlement et pourquoi nous pensons que ce bon moment est le bon».

La LND avait été dissoute en mai 2010, peu après avoir annoncé son boycott des élections de novembre de la même année. Selon les lois alors en vigueur, sa participation l'aurait forcée à expulser ses membres détenus, dont Suu Kyi elle-même, qui se trouvait alors en résidence surveillée.

Depuis, le paysage politique birman s'est complètement transformé.

La junte militaire a cédé la place à un régime dit «civil», certes contrôlé par l'armée, mais à la tête duquel le président Thein Sein a multiplié les réformes et les gestes symboliques.

Libérée, autorisée à aller en province et à s'exprimer librement, la «Dame» a été clairement invitée à revenir sur la scène politique, en particulier après un rendez-vous fort médiatisé avec le président, dans son bureau de la capitale Naypyidaw, en août.

Les analystes soulignent à cet égard que tous deux ont autant à gagner l'un que l'autre à la participation active de l'opposante aux affaires politiques.

Les élections partielles, dont la date n'a pas été annoncée, doivent pourvoir plus de 40 sièges des deux chambres du parlement. Selon des sources au sein de son parti, elle pourrait elle même se présenter dans la banlieue de Rangoun.

La LND avait largement remporté les élections de 1990 sans jamais être autorisée à prendre le pouvoir. Et Suu Kyi a passé le plus clair de son temps en prison ou assignée à résidence, entre 1989 et 2010.