Le dalaï-lama, chef spirituel des bouddhistes tibétains, a déclaré lundi à Tokyo que le «génocide culturel» mené par la Chine au Tibet était à l'origine de la récente vague d'immolations de Tibétains.

«Il y a une sorte de génocide culturel qui se déroule» sur le Toit du monde, a-t-il dit lors d'une conférence de presse. «Au cours des 10, 15 dernières années, il y a eu des dirigeants chinois très fermes. C'est pourquoi vous voyez ce genre d'incidents regrettables se produire», a-t-il ajouté.

Depuis le suicide par le feu en mars d'un jeune bonze du monastère de Kirti, dans la province du Sichuan (sud-ouest de la Chine), pour protester contre la répression religieuse, onze moines et nonnes bouddhistes ont suivi son exemple, dont au moins sept sont décédés, dans cette province frontalière du Tibet.

Un Tibétain en exil en Inde a par ailleurs tenté de s'immoler vendredi devant l'ambassade de Chine à New Delhi, avant d'être maîtrisé par la police.

«La propagande communiste chinoise donne une image très rose de la situation. Mais en fait, même les Chinois qui visitent le Tibet ont tous l'impression que les choses sont terribles», a déclaré le dalaï-lama. Le Tibet est «dans une situation desespérée», a-t-il affirmé.

Les Tibétains accusent les Hans, ethnie dominante en Chine, de coloniser inexorablement leur territoire et de faire disparaitre leur culture.

La Chine affirme avoir «libéré pacifiquement» le Tibet en 1951 et amélioré le sort des Tibétains en investissant massivement dans le développement économique de cette région pauvre et isolée.

Le dalaï-lama, prix Nobel de la paix en 1989, réclame une autonomie réelle pour le Toit du monde, mais Pékin continue de la considérer comme un dangereux «séparatiste». Âgé de 76 ans, il vit en exil à Dharamsala en Inde depuis l'échec d'un soulèvement au Tibet en 1959.

Estimant que les suicides vont à l'encontre du caractère sacré de la vie selon les préceptes bouddhistes, le dalaï-lama a répété qu'il prônait «la non-violence».

Le premier ministre du gouvernement tibétain en exil, Lobsang Sangay, a en revanche salué «le courage» de ceux qui ont choisi de se transformer en torche humaine pour «la cause du Tibet».

Pékin affirme que le fait de «ne pas condamner les immolations, mais les mettre en exergue et inciter d'autres à suivre cet exemple va à l'encontre de la conscience commune et de la morale de l'humanité».

Le dalaï-lama est venu au Japon pour soutenir les efforts de reconstruction après la tragédie du 11 mars dans le nord-est.

Samedi, il s'est rendu dans la ville portuaire d'Ishinomaki pour prier à la mémoire des quelque 20.000 victimes du séisme et du tsunami.

Lundi, il a rencontré des parlementaires japonais et un conseiller du premier ministre Yoshihiko Noda.