Les Occidentaux ont été visés lundi par un nouvel attentat suicide en Afghanistan, le troisième en cinq jours, qui a tué cinq Afghans devant le siège d'une organisation américaine située à côté de bureaux de l'ONU à Kandahar (sud), selon la police.

L'attaque a été revendiquée auprès de l'AFP par les rebelles talibans, dont un porte-parole, Qari Yousuf Ahmadi, a affirmé qu'elle visait le complexe du HCR (Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés), adjacent à celui de l'organisation américaine IRD (International Relief and Development) devant lequel a eu lieu l'attentat.

«À l'heure actuelle, nous ne sommes pas sûrs si c'est le HCR à Kandahar ou le complexe de l'IRD qui était visé», a expliqué de son côté un diplomate occidental.

Quelle qu'ait été la cible, il s'agit de la troisième attaque meurtrière contre des intérêts étrangers en cinq jours en Afghanistan.

Samedi à Kaboul, un attentat suicide contre un car de l'OTAN avait fait 17 morts, dont 13 Occidentaux (10 Américains, deux Britanniques et un Canadien), l'une des attaques les plus sanglantes pour les Occidentaux en dix ans de conflit.

Jeudi, déjà à Kandahar, une attaque suicide contre une base américaine de l'OTAN avait tué un interprète afghan et blessé huit personnes dont cinq soldats de l'OTAN, vraisemblablement américains.

L'attaque de lundi a duré sept heures, entre 6h et 13h locales (21h30 à 4h30 heure du Québec) environ, a indiqué le chef provincial de la police, le général Abdul Raziq.

Elle été menée par quatre assaillants, dont le premier a fait exploser un véhicule piégé devant le portail de l'IRD, permettant aux trois autres de pénétrer dans le complexe, a-t-il expliqué.

De là, ils ont affronté la police depuis une clinique vétérinaire située à l'intérieur du complexe, avant de pénétrer plus tard dans celui voisin du HCR, où ils ont abattu les gardes avant de continuer à affronter la police, a-t-il indiqué. Aucun des trois ne portaient de veste d'explosifs, selon lui.

Cinq Afghans, dont un responsable local de la police, ont été tués. Un employé de la clinique est mort dans l'explosion et trois gardes employés par l'ONU et gardant les locaux du HCR ont été abattus par les assaillants, a-t-il indiqué.

«Le chef de la police du 6e district de Kandahar a été blessé et est décédé à l'hôpital», a-t-il également déclaré à l'AFP.

Quatre blessés, dont un garde de sécurité népalais, ont été admis à l'hôpital Mirwais de Kandahar, a indiqué le directeur de l'établissement, Abdulqayom Pukhla. Seuls deux d'entre eux étaient encore hospitalisés en fin d'après-midi.

Le HCR a confirmé dans un communiqué que l'attaque avait entraîné la mort de trois de ses employés à l'intérieur de l'enceinte de l'agence onusienne et que deux autres avaient été blessés.

«Nous cherchons à avoir une compréhension plus complète des circonstances de l'attaque», ajoute le HCR précisant que le fonctionnement de son bureau de Kandahar était «gravement perturbé».

Peu avant 13h, le général Razziq a annoncé la mort de tous les assaillants et la fin de l'attaque. «Les opérations de ratissage sont en cours», a-t-il déclaré.

Sur son site internet, IRD, basée en Virginie (est des États-Unis), se présente comme «une organisation mettant en place des programmes de développement» dans plusieurs pays de divers continents.

En Afghanistan, elle gère plusieurs programmes financés par l'USAID, l'agence gouvernementale américaine pour le développement international.

Selon un responsable d'ONG à Kaboul, IRD n'est pas une ONG, mais une simple organisation sous-traitante des agences gouvernementales de développement.

En mars 2010, ses bureaux à Kandahar avaient été visés par une tentative d'attaque par deux hommes ceints d'explosifs et dissimulés sous des burqas, qui avaient été abattus alors qu'ils tentaient d'entrer.

Les talibans, qui combattent le gouvernement afghan et ses alliés de l'OTAN depuis qu'ils ont été chassés du pouvoir fin 2001 et dont l'insurrection ne cesse de s'étendre, ont multiplié récemment les attaques audacieuses, notamment dans Kaboul.