La Banque de Thaïlande a annoncé une baisse de ses prévisions de croissance de 4,1% à 2,6% pour 2011 dans ce pays frappé depuis trois mois par des inondations historiques qui épargnaient encore vendredi le centre de Bangkok.

«Les inondations très étendues, qui affectent non seulement la production agricole, mais aussi l'activité manufacturière, sont susceptibles de peser de façon importante sur la croissance au quatrième trimestre», a indiqué la Banque centrale.

Les prévisions de croissance pourraient encore être abaissées si la situation s'aggravait, en particulier si le centre de la capitale était touché, a précisé son gouverneur adjoint, Paiboon Kittisrikangwan.

Vendredi, plusieurs districts du nord de Bangkok étaient toujours très inondés. Le niveau de l'eau a aussi augmenté dans certains quartiers à l'ouest du fleuve Chao Phraya, qui traverse la ville.

Leurs habitants en ont l'habitude, confrontés qu'ils sont chaque année à des inondations. Mais beaucoup d'entre eux ont dû cette fois se résigner à partir, emmenant quelques affaires et des vivres pour rejoindre un des sites mis à la disposition des sinistrés.

Mais le centre d'affaires de la mégalopole était encore au sec en toute fin de journée. Seuls la circulation, plus fluide qu'à l'accoutumée, et des sacs de sable chaque jour plus nombreux témoignaient de l'inquiétude des habitants.

La marée haute de vendredi soir, source d'inquiétude pour les autorités, s'est révélée plus basse que prévue, suscitant l'espoir que les barrières installées sur le Chao Phraya soient suffisantes tout au long de ce week-end crucial.

Et des touristes bravaient sans sourciller les conseils des ambassades d'éviter Bangkok, découvrant une vieille ville avec de l'eau jusqu'aux chevilles.

«Ça enrichit notre expérience», a estimé Melanie Willoughby, une Britannique de 32 ans en voyage de noces. Les Thaïlandais «ont tous l'air de bien s'en sortir. La seule chose difficile aura été de trouver de l'eau potable».

Une saison de mousson particulièrement abondante a déjà provoqué la mort de près de 380 personnes en Thaïlande et des millions d'autres ont été affectées.

La capitale s'est préparée en vue de recevoir les masses d'eau qui inondent depuis des semaines une vaste région du nord et du centre du pays et qui descendent inexorablement vers le golfe de Thaïlande, forcent les digues et font déborder fleuves et canaux.

Sur fond d'alternance ces derniers jours de messages tantôt rassurants, tantôt alarmistes des autorités, de nombreux habitants ont fui la capitale, qui bénéficie comme 20 autres provinces touchées, d'un week-end exceptionnel de cinq jours, jusqu'à lundi, pour faire face à la menace.

Ces inondations, les pires depuis des décennies, ont provoqué l'arrêt de centaines d'usines, mettant près d'un demi-million de personnes au chômage technique, en particulier dans les secteurs de l'automobile et de l'électronique.

La demande intérieure s'est également ralentie, tandis que la crise économique mondiale pèse sur les exportations, a noté la Banque.

Malgré tout, si la crise liée aux inondations est terminée d'ici à la fin de l'année, la croissance pourrait repartir en 2012. La Banque prévoit ainsi pour l'an prochain une augmentation du PIB de 4,1%.

-Avec Dow Jones Newswires