La Thaïlande s'est mise en «mode de crise» mardi, en déclarant un week-end de cinq jours pour permettre aux 12 millions d'habitants de la capitale de faire face aux inondations, et en fermant pour une semaine au moins son aéroport national, gagné par les eaux.

Le pouvoir annonçait depuis longtemps que le centre de Bangkok serait noyé à son tour par les pires inondations dans le pays depuis des décennies. Mais le ton a brusquement changé.

«Le gouvernement s'est mis en mode de crise alors qu'une vague massive d'inondations est attendue le 26 octobre, coïncidant avec (les forts coefficients de) la marée haute» vendredi, a indiqué le Centre de coordination des secours (FROC).

Le ministre de la Justice et patron du FROC, Pracha Promnog, a annoncé la fermeture des services publics de jeudi à lundi inclus, dans 21 provinces dont la mégalopole. La rentrée des écoles publiques, actuellement en vacances, a été reportée au 15 novembre.

Et les entreprises privées ont été priées d'accorder des jours de repos à ceux qui le souhaitaient, à l'exception de l'industrie agro-alimentaire, qui tourne à plein régime. La Banque centrale n'a en revanche pas encore pris sa décision sur la fermeture des marchés financiers.

À la mi-journée, l'eau est entrée dans l'aéroport Don Mueang, affecté aux vols intérieurs. Quelques heures plus tard, il annonçait sa fermeture jusqu'au 1er novembre au moins.

La première ministre, Yingluck Shinawatra, a néanmoins réuni son gouvernement à l'aéroport, où se sont aussi installés le FROC et quelques milliers de sinistrés.

«Nous sommes inquiets pour les évacués parce qu'il est compliqué de venir ici (...). Nous les déplacerons vers des zones plus sûres», a déclaré la chef du gouvernement, confirmant en revanche que le FROC ne prévoyait pas de déménager.

Au moins six districts de Bangkok étaient inondés mardi. Mais même la municipalité ne pouvait donner un chiffre exact, et plusieurs autres étaient assurément menacés dans une capitale classée par l'OCDE parmi les grandes villes côtières les plus exposées aux inondations d'ici à 2070.

Le niveau du Chao Phraya devrait atteindre les 2,60 mètres dans les jours à venir alors que les berges font en moyenne 2,5 mètres de hauteur, selon le gouverneur de Bangkok, Sukhumbhand Paribatra.

«Je répète mon avertissement à ceux qui vivent à proximité (...) de mettre leurs biens en hauteur et d'être en alerte maximum».

Quelque 16 produits de base (dont l'eau minérale, le savon, les oeufs) vont faire l'objet d'importations exceptionnelles, alors que les bouteilles d'eau sont déjà absentes des supermarchés. Les autorités ont promis que l'électricité pourrait être maintenue dans toute la ville.

Le gouvernement, qui subit son premier vrai test depuis sa prise de pouvoir en août, est désormais dépassé par les conséquences d'une mousson surabondante qui a déjà tué plus de 900 personnes en Asie du Sud-Est, dont 360 en Thaïlande.

La seule question est désormais de savoir à quel point le centre-ville historique, financier et commercial sera touché.

Mais malgré les appels à la coopération de tous, le pouvoir ne parvenait pas à faire taire les rumeurs de conflit et de dysfonctionnements entre le cabinet Yingluck, l'opposition démocrate auquel appartient le gouverneur de Bangkok, et l'armée.

Un porte-parole de la marine américaine a déclaré que les États-Unis avaient rappelé plusieurs navires de guerre envoyés au large de la Thaïlande la semaine dernière, à la suite de messages contradictoires et en l'absence de demande d'aide formelle des autorités.

L'ambassade américaine à Bangkok a cependant indiqué qu'un navire avait bien mouillé dans un port thaïlandais et que des hélicoptères effectuaient des missions d'évaluations en coopération avec l'armée thaïlandaise. Une version confirmée par Bangkok.