Le chef spirituel des Tibétains, le dalaï-lama, a déclaré samedi qu'il déciderait «autour de ses 90 ans» de sa réincarnation, rappelant avec fermeté que le dernier mot ne reviendrait pas à la Chine, mais à lui seul.

Le dalaï-lama, 76 ans, a fait cette déclaration dans un document de 4200 mots publié à l'issue d'un rassemblement de responsables des quatre écoles spirituelles du bouddhisme tibétain à Dharamsala, dans le nord de l'Inde.

«Lorsque j'approcherai de mes 90 ans, je consulterai les grands lamas des traditions bouddhiques tibétaines, les Tibétains et les autres adeptes du bouddhisme tibétain et procéderai à une réévaluation de l'institution du dalaï-lama pour savoir si elle doit ou non être pérennisée. Ma décision sera prise sur cette base», a-t-il assuré.

«En dehors de la réincarnation reconnue à travers ces méthodes légitimes, aucun candidat ne peut prétendre à une reconnaissance ou un agrément, s'il a été choisi pour des finalités politiques par qui que ce soit, y compris par ceux qui se trouvent dans la République populaire de Chine», a-t-il souligné.

Selon la tradition tibétaine, les moines doivent identifier un jeune garçon présentant des signes selon lesquels il est la réincarnation du dernier chef spirituel.

Mais le dalaï-lama a évoqué dans le passé une rupture possible avec cette tradition en choisissant un successeur avant sa mort ou parmi les Tibétains en exil. Il a aussi dit qu'il pourrait être ouvert à une élection du prochain dalaï-lama.

De nombreux observateurs prédisent que la Chine désignera son successeur, ce qui aurait pour conséquence d'aboutir à l'existence de deux dalaï-lamas, l'un reconnu par Pékin et l'autre par les exilés ou choisi avec le consentement de l'actuel chef spirituel.

Ce cas de figure s'est déjà produit en 1995 lorsque la Chine avait rejeté le choix du dalaï-lama concernant la réincarnation du panchen-lama, le deuxième plus haut titre dans le bouddhisme tibétain.

Le panchen-lama choisi par la Chine, Gyaincain Norbu, est aujourd'hui âgé de 21 ans et fait souvent l'éloge de l'administration chinoise au Tibet. Le panchen-lama choisi par le dalaï-lama, Gedhun Choekyi Nyima, n'a pas été vu depuis 1995, après avoir été arrêté par la Chine.

Le chef spirituel des Tibétains, en exil depuis 1959, demande une autonomie réelle pour le Toit du Monde, mais reste considéré par Pékin comme un dangereux «séparatiste».