Les enquêteurs indiens étudiaient jeudi l'authenticité de deux différents messages revendiquant l'attentat meurtrier survenu la veille à New Delhi, une nouvelle attaque qui a poussé le premier ministre à admettre des «faiblesses» systémiques dans la sécurité intérieure.

L'attentat, qui a fait au moins 12 morts et près de 80 blessés devant la Haute cour de New Delhi, a été à la fois revendiqué par une organisation se présentant comme le Harkat-ul-Jihad al-Islami (HuJI), un groupe islamiste basé au Pakistan, et par une cellule islamiste locale, les «Moudjahidines indiens».

La puissante explosion à la bombe survenue en plein coeur de la capitale indienne visait une foule d'avocats et de plaignants qui faisaient la queue devant l'une des portes principales du tribunal pour obtenir un laissez-passer.

Le premier message, envoyé mercredi soir par courrier électronique à des organes de presse, affirmait que l'attentat visait à demander l'abrogation immédiate de la peine de mort prononcée en 2004 à l'encontre d'un Indien du Cachemire pour son implication dans un attentat contre le parlement en 2001.

La nouvelle revendication, reçue jeudi par des médias, était étudiée par les services de renseignement au même titre que le précédent texte, a indiqué le secrétaire d'État responsable de la Sécurité intérieure, U.K. Bansal.

«Nous sommes responsables de cela», indique le texte au nom des «Moudjahidines indiens», sans préciser le motif de l'attaque, mais menaçant de viser un centre commercial la semaine prochaine.

Cette organisation aux contours assez flous avait revendiqué une série d'attentats en 2008 dans des quartiers commerçants de New Delhi qui avaient fait 22 morts et près de 100 blessés.

Dans la foulée de la première revendication, la police a interpellé jeudi deux frères propriétaires d'un cybercafé à Kishtwar, une ville située dans le sud de l'État indien du Jammu-et-Cachemire (nord). L'un des employés a aussi été interpellé, selon une source policière sous couvert d'anonymat.

Dans sa partie indienne, la région du Cachemire est en proie depuis plus de 20 ans à une insurrection islamiste.

La police n'a toutefois procédé à aucune arrestation formelle.

Affichant à la «une» des images sanglantes de corps déchiquetés, les quotidiens dénonçaient jeudi «le laxisme» des mesures de sécurité ainsi que l'incapacité des autorités à empêcher les attentats et identifier les responsables.

Le 13 juillet, l'Inde avait été visée par un triple attentat, toujours non élucidé, qui avait fait 26 morts et plus de 100 blessés à Bombay.

Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière qu'ait connue la mégapole financière depuis celle perpétrée par des militants islamistes en 2008, qui avait fait 166 morts.

La police a diffusé mercredi soir le portrait-robot de deux suspects. Une voiture pouvant avoir été utilisée par les auteurs de l'attentat était aussi activement recherchée jeudi.

«Nous avons quelques pistes, mais il est trop tôt pour dire quel groupe est derrière» l'attentat, a déclaré le premier ministre, Manmohan Singh, à des journalistes dans l'avion le ramenant en Inde mercredi après une visite officielle au Bangladesh.

«Il y a à l'évidence des problèmes non résolus et des faiblesses dans notre système et les terroristes en profitent», a-t-il admis, avant d'ajouter: «Nous devons travailler dur pour colmater ces faiblesses».

Depuis les sanglants attentats de Bombay en 2008, l'Inde a maintes fois assuré avoir renforcé ses mesures de sécurité. Mais à chaque nouvelle attaque, les experts, sceptiques, pointent les failles de la police et des services de renseignement en matière de lutte antiterroriste.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, la France, les États-Unis et le Canada ont condamné l'attentat, qui s'est produit quelques jours avant la commémoration du dixième anniversaire des attaques du 11 septembre 2001 aux États-Unis.