Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Il, qui se déplace très rarement à l'étranger, est arrivé samedi en Russie pour sa première visite dans ce pays depuis 2002, à un moment où le régime de Pyongyang tente d'obtenir l'aide de ses alliés pour faire face à une pénurie alimentaire.

«Une rencontre entre le président Dmitri Medvedev et Kim Jong-Il sera le principal événement de la visite», a indiqué leKremlin dans un communiqué, ajoutant que M. Kim se rendrait en Extrême-Orient russe et en Sibérie, sans autre détail.

Le dirigeant nord-coréen est arrivé dans la matinée en Extrême-Orient russe à bord de son train spécial qui a traversé le fleuve Tumen, à la frontière entre la Russie et la Corée du Nord, a déclaré à l'AFP Alexander Naryjny, chef du district de Khassan.

L'agence de presse nord-coréenne KCNA a confirmé la visite dans une brève information, la qualifiant de «non officielle».

Des images diffusées par la télévision russe ont montré Kim Jong-Il portant des lunettes et son traditionnel costume entre brun et kaki. Il a salué par une fenêtre du train la délégation russe venue l'accueillir.

Le Kremlin n'a donné aucune précision sur le programme de cette visite entourée de la plus grande discrétion, mais une source à la présidence, sous couvert d'anonymat, a indiqué que la rencontre Kim-Medvedev était prévue vers «le milieu de la semaine».

Selon l'agence sud-coréenne Yonhap, citant des sources informées à Moscou, la rencontre avec M. Medvedev devrait avoir lieu mardi, à Oulan Oudé, près du lac Baïkal. Kim Jong-Il doit aussi visiter un barrage à Oussouriisk, près de Vladivostok et de la frontière avec la Corée du Nord, selon Yonhap.

Le porte-parole du Premier ministre russe Vladimir Poutine, Dmitri Peskov, a déclaré samedi à l'AFP qu'une rencontre avec le leader nord-coréen n'était pas prévue, contrairement à ce qu'avait affirmé une source sud-coréenne.

Lors de sa précédente visite en Russie il y a neuf ans, M. Kim avait rencontré M. Poutine, alors président, à Vladivostok.

Confrontée à des inondations dévastatrices et à une pénurie de denrées alimentaires, la Corée du Nord tente d'obtenir des aides économiques de ses alliés.

Le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé vendredi l'envoi à ce pays d'une aide humanitaire de 50 000 tonnes de blé d'ici à fin septembre, dont une partie a déjà été livrée.

La visite de M. Kim intervient également après une série de rencontres de haut niveau entre Pyongyang, Washington, Séoul et Pékin, afin de relancer les négociations sur le programme nucléaire nord-coréen, au point mort depuis décembre 2008.

La Russie fait partie du groupe des Six -- avec les deux Corées, les États-Unis, le Japon et la Chine -- chargé de pourparlers sur la dénucléarisation de la Corée du Nord.

Des médias russes et japonais avaient annoncé en juin une visite de M. Kim pour le 30 juin ou le 1er juillet à Vladivostok, pour un sommet avec M. Medvedev.

La rencontre, jamais confirmée officiellement, n'avait finalement pas eu lieu. Les deux parties l'auraient annulé, ne parvenant pas à aplanir leurs différences de vue sur plusieurs sujets de discussions prévues, selon Yonhap, citant des sources russes.

De son côté, l'agence japonaise Kyodo avait cité des sources affirmant que l'annulation était due à l'état de santé défaillant du dirigeant nord-coréen, tandis qu'une source au Kremlin citée par la presse russe affirmait que la visite de Kim avait été annulée par Pyongyang en raison de fuites dans la presse annonçant sa venue.

La santé de Kim Jong-Il, âgé de 69 ans, est chancelante, selon certaines sources, et il prépare son plus jeune fils, Kim Jong-Un, né en 1983 ou 1984, à sa succession à la tête de l'État stalinien, seule dynastie communiste au monde.