Un Américain travaillant dans le développement depuis cinq ans au Pakistan a été enlevé par une dizaine d'hommes armés samedi à l'aube dans sa maison de Lahore malgré la présence de gardes de sécurité, a annoncé la police locale.

La victime, Warren Weinstein, est employé par une société privée, a précisé à l'AFP l'ambassade américaine à Islamabad, en confirmant le kidnapping.

Il a été enlevé vers 3h30 locales  (18h30, heure de Montréal) du matin à Model Town, un quartier huppé de Lahore, une des villes réputées les plus libérales et sûres du pays, deux jours avant son départ définitif du Pakistan, selon la police.

Le rapt n'avait pas encore été revendiqué en milieu d'après-midi. «Nous étudions toutes les pistes, enlèvement contre rançon ou rebelles», a déclaré à l'AFP un responsable de la police locale, Tajamul Hussain.

Ce kidnapping intervient alors que les relations entre les États-Unis et le Pakistan, alliés depuis 2001 face aux rebelles talibans et à leurs alliés d'Al-Qaïda, sont au plus bas depuis le raid militaire unilatéral américain qui a tué le chef d'Al-Qaïda Oussama Ben Laden dans le nord du pays le 2 mai.

Il a par ailleurs eu lieu à Lahore, où le sentiment anti-américain a été largement enflammé au début de l'année par l'affaire Raymond Davis, du nom d'un agent de la CIA qui avait tué deux Pakistanais, qui s'apprêtaient selon lui à l'attaquer, dans un quartier de la ville fin janvier.

Arrêté par la police, Davis avait finalement pu quitter le pays à la suite d'un accord financier avec les familles des victimes, à qui les Américains ont versé près de deux millions de dollars, à la grande fureur des partis religieux et conservateurs qui dénoncent les opérations clandestines de la CIA dans le pays et réclamaient un procès, voire la peine de mort.

Warren Weinstein a lui été enlevé par huit hommes qui ont fait irruption chez lui et l'ont emmené avec eux sous la menace de leurs armes, a précisé à l'AFP un haut responsable de la police locale, Shahzada Saleem.

Les assaillants, «arrivés à bord de plus d'un véhicule, ont pénétré dans sa maison, ont réussi à neutraliser au moins trois gardes de sécurité privés au portail principal et ont enlevé l'étranger», a-t-il ajouté.

La police a ensuite indiqué qu'il travaillait pour la société privée américaine J.E. Austin Associates, qui a récemment terminé un projet de développement dans les instables zones tribales du nord-ouest, bastions des rebelles talibans et de leurs alliés d'Al Qaïda, où les drones américains bombardent régulièrement les camps présumés de rebelles.

Fondée en 1986, J.E. Austin a depuis mené à bien plus de 500 projets dans une centaine de pays pour divers clients internationaux, dont l'agence gouvernementale américaine d'aide au développement (USAID), selon son site internet.

Ce dernier décrit Weinstein comme un «expert en développement international ayant 25 ans d'expérience», titulaire d'un doctorat en droit et économie internationaux de l'université new-yorkaise de Columbia University, qui parle six langues étrangères et a notamment travaillé sur les problèmes de gouvernance et de micro-crédit.

Selon la police, Weinstein vivait au Pakistan depuis 2006 et se déplaçait fréquemment dans le pays, et était rentré jeudi de la capitale, Islamabad.

«Il devait retourner aux États-Unis le 15 août, car le projet de sa société dans les zones tribales était achevé», a précisé Tajamul Hussain.

Toutes les issues de la ville ont été bouclées pour empêcher que l'Américain ne soit transporté hors de Lahore, a indiqué la police.

Le mois dernier, un couple suisse a été enlevé alors qu'il se trouvait en voiture dans le Baloutchistan, une région instable du sud-ouest. Leur enlèvement a été revendiqué par le Tehreek-i-Taliban Pakistan (TTP), le principal mouvement taliban pakistanais, allié à Al Qaïda.