La Corée du Sud a refoulé lundi trois députés japonais qui voulaient se rendre sur une île revendiquée par les deux pays, une mesure d'interdiction jugée «profondément regrettable» par le gouvernement nippon.

Des agents de l'immigration sud-coréenne ont intercepté les trois parlementaires, membres du Parti Libéral-Démocrate (opposition conservatrice), à leur arrivée à l'aéroport Gimpo de Séoul. «Ils sont retenus à l'aéroport avant d'être renvoyés vers Tokyo», avait précisé un porte-parole du ministère de la Justice.

Après avoir refusé pendant huit heures de rebrousser chemin, les trois députés ont finalement repris l'avion après avoir été menacés d'être mis en état d'arrestation par les autorités d'immigration, selon l'agence de presse sud-coréenne Yonhap.

«Je reviendrai plus tard en Corée du Sud», a déclaré à son départ le député Yoshitaka Shindo cité par Yonhap. Le parlementaire japonais a annoncé qu'il «expliquera plus en détail sa position lors d'une conférence de presse à Tokyo».

Le groupe avait prévu de se rendre sur l'île d'Ulleung, territoire sud-coréen le plus proche des îles Dokdo, en mer du Japon. Ces îles, que les Japonais appellent Takeshima, sont revendiquées par Séoul et par Tokyo.

Le porte-parole du gouvernement japonais a qualifié la mesure d'interdiction frappant les trois députés de «profondément regrettable».

«En vertu des liens amicaux entre le Japon et la Corée du Sud, nous avons indiqué (aux autorités sud-coréennes) qu'il était profondément regrettable que la Corée du Sud prenne une telle mesure à l'encontre de parlementaires de notre pays et nous leur avons demandé de reconsidérer leur décision et de les autoriser à entrer» dans le pays, a déclaré Yukio Edano lors d'une conférence de presse.

Le Parti Libéral-Démocrate avait tenté de dissuader ses trois députés de se rendre en Corée du Sud en ce moment, alors que le Parlement est en session extraordinaire et que le Premier ministre Naoto Kan risque de démissionner d'ici à la fin du mois.

Des centaines de manifestants s'étaient réunis à l'aéroport de Séoul, agitant des banderoles et brûlant des photos des députés japonais.

Les trois parlementaires sont Yoshitaka Shindo, petit-fils d'un général de l'armée impériale du Japon, Tomomi Inada, un ancien avocat qui nie le massacre de Nankin par des troupes japonaises en 1937, et Masahisa Sato, ancien militaire.

Ce différend entre Tokyo et Séoul a ressurgi après le survol par la compagnie aérienne sud-coréenne Korean Air des îles Dokdo/Takeshima, à la mi-juin.

Après l'annonce du projet de visite des députés japonais, le président sud-coréen Lee Myung-Bak avait prévenu Tokyo que Séoul ne pouvait «garantir la sécurité des parlementaires» et avait demandé l'annulation de la visite.

La Corée du Sud, colonie japonaise de 1910 à 1945, cherche à renforcer son emprise sur ces îlots, qu'elle contrôle de fait.

Tokyo avait autorisé en mars la publication de manuels scolaires affirmant la revendication nippone sur ces territoires, provoquant des protestations de la part de Séoul.