Le gouvernement japonais a interdit mardi la vente du boeuf de Fukushima après la découverte de viande radioactive, signe d'une extension de la contamination, tout en affirmant avoir accompli des «progrès» dans la maîtrise de l'accident nucléaire.

«Nous avons donné l'ordre au gouverneur de la préfecture de stopper les livraisons de l'ensemble du bétail de Fukushima», a déclaré le porte-parole du gouvernement, Yukio Edano.

Il a précisé que les éleveurs seraient indemnisés «de façon convenable».

Cette annonce suit la parution d'informations faisant état de taux de césium radioactif supérieurs à la norme dans de la viande de boeufs élevés dans cette préfecture victime d'un accident nucléaire depuis le 11 mars.

Ces bêtes ont, semble-t-il, été contaminées en mangeant du foin stocké à l'extérieur pendant plusieurs semaines. Au total, au moins 550 bovins de Fukushima nourris de ce fourrage ont été vendus aux quatre coins du Japon, et ont déjà été pour partie consommés.

Se voulant rassurantes, les autorités affirment qu'il faudrait manger de cette viande radioactive tous les jours pendant un an pour connaître des troubles de santé.

Mais l'interdiction de la commercialisation de la viande de boeuf de Fukushima pourrait ne pas suffire à calmer l'angoisse du public, du foin contaminé ayant été expédié pour nourrir du bétail dans des préfectures limitrophes.

Depuis l'accident de la centrale Fukushima Daiichi (Fukushima N°1, nord-est), le plus grave depuis celui de Tchernobyl (Ukraine) en 1986, des taux de radiations trop élevés ont été décelés dans plusieurs aliments des régions proches de la centrale. Des légumes verts, du lait ou du thé concernés ont été décrétés impropres à la commercialisation.

Le gouvernement n'a pas instauré de contrôle centralisé de la radioactivité de la nourriture et s'en remet aux tests effectués par les préfectures et les municipalités.

«Le ministère de la Santé a exigé des municipalités qu'elles enquêtent sur la distribution du bétail et a fait attribuer des numéros d'identification aux bovins pour faciliter leur traçabilité», a souligné mardi M. Edano.

Pressé de toutes parts de démissionner pour sa gestion critiquée des conséquences du séisme, du tsunami et de l'accident nucléaire qui s'ensuivit, le premier ministre de centre-gauche, Naoto Kan, a présenté ses excuses pour son manque d'anticipation.

Concernant le suivi de l'accident à la centrale, le chef du gouvernement s'est toutefois montré plus optimiste, affirmant que la période initiale du sauvetage était quasi achevée.

«La première étape du calendrier de stabilisation de la centrale sera terminée aujourd'hui, quasiment dans les délais fixés. Nous sommes maintenant sur le point d'entamer la deuxième phase», a assuré M. Kan.

Son gouvernement et la compagnie exploitante du site, Tokyo Electric Power (Tepco), espèrent stabiliser la température des réacteurs à moins de 100 degrés Celsius («arrêt à froid») d'ici à janvier.

«Nous prenons la direction d'une sortie de l'état de crise grave (...). Je ne dis pas que nous avons marqué le nombre maximum de points, mais mon équipe a fait ce qu'elle devait faire de façon courageuse et des progrès ont été accomplis», a-t-il résumé.

Tepco a réussi à mettre en place une usine de décontamination des eaux usées radioactives, afin d'alimenter un système temporaire de circulation hydraulique destiné à refroidir le combustible nucléaire des réacteurs.

Le ministre chargé de la gestion de l'accident, Goshi Hosono, devait annoncer en fin de journée une feuille de route révisée pour gérer la suite de cet accident qui a provoqué l'évacuation de plus de 80 000 personnes des environs de la centrale.

Sur le site de Fukushima Daiichi, le personnel s'est employé pour sa part à protéger les installations de la venue des fortes pluies accompagnant le typhon Ma-On, qui devrait atteindre l'île principale de Honshu mercredi.