Au moins 49 personnes ont été tuées jeudi à Karachi au cours d'une troisième journée consécutive de violences dans cette mégalopole du sud du Pakistan en proie à la criminalité et aux rivalités ethniques et politiques.

Lors de l'affrontement le plus sanglant, des hommes armés ont mitraillé jeudi deux bus dans l'ouest de la ville portuaire, tuant au moins 10 passagers.

«Des hommes armés non identifiés ont intercepté deux bus dans le quartier de Banaras Chowk et ont tiré de manière indiscriminée sur les passagers, tuant au moins dix d'entre eux et en blessant 20», a déclaré à l'AFP Sharfuddin Memon, un responsable du ministère de l'Intérieur de la province.

Les agresseurs ont réussi à prendre la fuite dans les ruelles du quartier, a-t-il ajouté.

Dans un ballet d'ambulances, toutes sirènes hurlantes, blessés et cadavres ont été transportés dans un hôpital où ont afflué des proches voulant identifier les corps de leurs parents et s'informer du sort des victimes.

Avant cette agression, des responsables avaient indiqué que près de 40 personnes avaient été tuées durant la seule journée de jeudi.

La situation est très tendue à Karachi entre le MQM (Muttahida Qawmi Movement) et le ANP (Awami National Party) qui représentent des communautés différentes de l'agglomération, traçant une ligne de démarcation politique au sein de la ville.

Chaque camp accuse l'autre de multiplier les assassinats ciblés contre les membres de son parti.

Des habitants se plaignent de ne même pas pouvoir s'approvisionner correctement, car ils ne peuvent pratiquement pas sortir de chez eux en raison des violences.

Karachi, peuplée de plus de 15 millions d'habitants, est le théâtre, chaque jour, de dizaines de meurtres liés à la criminalité omniprésente et à des rivalités politiques et ethniques très sanglantes. L'armée et la police y ont déployé des renforts massifs, en vain.

Selon la Commission des droits de l'Homme du Pakistan, qui dénonce l'apathie du gouvernement face à la multiplication des crimes à Karachi, 1 300 personnes y ont été tuées, dont 490 dans des assassinats ciblés, depuis le début de l'année, après 748 au cours de l'année 2010 et 272 en 2009.