La Commission européenne a annoncé lundi une aide alimentaire d'urgence de 10 millions d'euros pour la Corée du Nord afin d'aider 650 000 personnes qui souffrent d'une sévère malnutrition.

L'aide alimentaire sera livrée sous stricte supervision dans les provinces du nord et de l'est du pays et vise en particulier les enfants de moins de cinq ans, ainsi que les femmes enceintes, les patients des hôpitaux et les personnes âgées, a indiqué la Commission dans un communiqué.

La situation s'est détériorée à un tel point que la consommation d'herbe est devenue une «pratique répandue», souligne la Commission européenne.

Les modalités de fourniture de l'assistance alimentaire sont inédites, avec notamment des procédures strictes de surveillance.

Un accord concernant un mécanisme rigoureux de surveillance a été conclu avec le gouvernement nord-coréen, a précisé Bruxelles.

La supervision sera du ressort du Programme Alimentaire Mondial (PAM), qui gérera la fourniture de l'aide alimentaire par des contrôles rigoureux à chaque stade.

«Le problème chronique de nutrition de la Corée du Nord devient à l'évidence une crise aiguë dans certaines régions du pays», a souligné la commissaire européenne à l'aide humanitaire Kristalina Georgieva.

«Si nous découvrons à un stade quelconque que l'aide est détournée de ses destinataires, la Commission n'hésitera pas à mettre fin à son intervention humanitaire», a prévenu Mme Georgieva.

L'aide sera distribuée principalement dans les provinces du Nord et de l'Est du pays aux enfants âgés de moins de 5 ans qui ont déjà été hospitalisés pour cause de malnutrition aiguë.

Les enfants soignés à domicile seront également nourris, de même que les femmes enceintes, les femmes qui allaitent, les patients hospitalisés et les personnes âgées.

Le mois dernier des experts humanitaires de la Commission européenne avaient visité des hôpitaux, des cliniques, des crèches, des marchés, des fermes coopératives et des centres d'État de distribution de nourriture pour évaluer la situation.

La mission de l'UE a constaté que les rations de nourriture distribuées par l'État, desquelles dépendent deux tiers de la population nord-coréenne, ont été gravement réduites ces derniers mois, de 400 g de céréales par personne et par jour au début du mois d'avril à 150 g au mois de juin : soit un cinquième des besoins nutritionnels quotidiens, l'équivalent d'un petit bol de riz.

Le point clé des négociations avec les autorités nord-coréennes a porté sur le mécanisme de contrôle, l'aide alimentaire devant être acheminée via un système de distribution hautement centralisé et géré par les autorités.

Le PAM effectuera 400 visites par mois dans les entrepôts, les institutions pour enfants, les foyers, les hôpitaux, les marchés ainsi que sur les sites de distribution de nourriture, a précisé la Commission européenne.

De plus, les experts en aide humanitaire de la Commission européenne et les superviseurs du PAM ont reçu la promesse d'un accès sans restriction aucune à ces lieux pour des contrôles aléatoires afin de vérifier que l'aide arrive à ses destinataires, souligne son communiqué.

En marge de ses problèmes alimentaires chroniques, la Corée du Nord est hautement vulnérable aux catastrophes naturelles telles que les inondations et la sécheresse.

Pour faciliter la lutte contre l'insécurité alimentaire structurelle de la Corée du Nord, la Commission européenne a investi 35 millions d'euros dans des projets de nutrition à long terme dans le pays entre 2007 et 2010.

De 1995 à 2008, la Commission a fourni environ 124 millions d'euros d'aide humanitaire à la Corée du Nord pour l'approvisionner en nourriture d'urgence, améliorer les services de santé et procurer un accès à l'eau potable et à des installations sanitaires.