Le Parti communiste chinois (PCC), qui célèbre le 90e anniversaire de sa fondation, fait face à des «difficultés de croissance», a averti vendredi le président Hu Jintao, stigmatisant la corruption qui pourrait conduire à une perte de confiance de la population.

«Le parti dans son ensemble fait face à des difficultés de croissance», a déclaré le président devant les responsables du parti et des milliers de délégués réunis à Pékin au palais du peuple, sur la place Tiananmen, pour célébrer la fondation du PCC.

«Le parti doit réaliser qu'au regard des changements profonds dans le monde, de la situation nationale et du parti, nous faisons face à de nombreux problèmes et défis nouveaux afin d'améliorer le leadership du parti et renforcer sa capacité à résister à la corruption et aux risques», a-t-il lancé.

«La lutte contre la corruption demeure (une question) importante et la tâche reste ardue», a ajouté le président pour qui «la corruption va réduire le soutien et la confiance du peuple dans le parti».

Fondé il y a 90 ans par une douzaine d'intellectuels, dont Mao Tsé-toung, le PCC, parti unique, préside aujourd'hui aux destinées de la deuxième économie mondiale.

L'approche de l'anniversaire du PCC, célébré le 1er juillet bien que la réunion fondatrice se soit tenue vers la fin juillet 1921 à Shanghai, a donné lieu à un grand déploiement de propagande, dont un film «Le début de la grande renaissance», qui a réalisé 218 millions d'entrées en deux semaines.

Considéré par beaucoup comme un ascenseur social, le parti unique vient d'annoncer avoir dépassé les 80 millions de membres, dont plus d'un quart ont plus de 60 ans.

M. Hu a à ce titre lancé un appel aux jeunes qui «représentent l'avenir à la fois de la Chine et de son peuple. Ils représentent aussi l'avenir et l'espoir du parti».

Le président a également évoqué la démocratie et la participation du peuple aux décisions, mais a réaffirmé que cela se ferait sous «le contrôle du parti» et dans la «stabilité», autrement dit, le système politique actuelle ne devrait pas changer.

À la veille de cet anniversaire, le premier ministre, Wen Jiabao, a inauguré jeudi un fleuron de l'industrie chinoise, une ligne TGV entre Pékin et Shanghai.

Autre symbole, le premier porte-avions chinois devrait effectuer dans la journée sa première sortie en mer, selon la presse de Hong Kong, citant des sources militaires.

Le PCC, qui a conquis le pouvoir en 1949 après deux alliances et deux guerres fratricides avec les nationalistes du Kuomintang, a imposé à la Chine, sous la direction de Mao Tsé-toung, d'incessantes purges politiques et des campagnes de collectivisation forcées qui ont fait des dizaines de millions de morts.

Trois décennies de «réformes et d'ouverture» ont suivi après la mort du «Grand timonier» sous la houlette de Deng Xiaoping et de ses successeurs, qui ont fait de la Chine une puissance économique.

Mais le parti, tout en se débarrassant progressivement des oripeaux de l'idéologie maoïste, n'a jamais envisagé de renoncer au monopole du pouvoir.

Le système centralisé par lequel il nomme à tous les échelons les responsables d'un pays de 1,34 milliard d'habitants est perverti par un degré élevé de corruption, qui a conduit par endroits à la formation d'un véritable marché sur lequel s'achètent et se vendent des postes convoités, explique Richard McGregor dans son livre «Le Parti, l'univers secret des dirigeants communistes chinois».

«Le PCC à 90 ans connaît les problèmes de l'âge: de plus en plus infirme, peureux, expérimentant les moyens de prolonger sa vie, mais submergé par la complexité d'y parvenir», a souligné dans le New York Times, David Schambaugh, professeur à l'Université George Washington.