La Chine a reçu mercredi en grande pompe le président soudanais Omar el-Béchir, recherché par la Cour pénale internationale (CPI), en dépit des protestations internationales, et signé des accords de coopération économique avec Khartoum.

Le président chinois Hu Jintao a accueilli M. el-Béchir en grande pompe au Grand Palais du peuple dans le cadre de cette visite d'État, et a dit à son hôte qu'il espérait que ses entretiens dans la capitale chinoise permettraient de renforcer les «relations traditionnelles d'amitié» entre les deux pays.

«M. el-Béchir, vous êtes un invité que vient de loin, nous vous souhaitons la bienvenue», a déclaré le président chinois.

Le dirigeant soudanais a pour sa part appelé M. Hu son «frère et ami», le remerciant pour «l'accueil chaleureux» reçu depuis son arrivée à Pékin mardi, avec un jour de retard sur le calendrier prévu, son avion ayant, pour une raison inconnue, fait demi-tour vers Téhéran alors qu'il survolait le Turkménistan.

À l'issue de leur entretien, les deux chefs d'État ont assisté à la signature d'un accord de coopération économique et technologique ainsi qu'à celle de deux emprunts, dont un pour financer la construction d'un pont dans l'est du Soudan.

Mardi, les deux pays ont signé un accord pour développer leur coopération dans le domaine pétrolier, en présence de M. el-Béchir et de plusieurs ministres, selon un communiqué du premier producteur de pétrole chinois, China National Petroleum Corp (CNPC), qui ne fournit aucun détail sur le contenu de cet accord.

Pékin entretient des relations privilégiées avec le Soudan, une des premières destinations des investissements chinois en Afrique et troisième partenaire commercial de la Chine sur ce continent.

La deuxième économie mondiale est un important fournisseur de matériel militaire du régime de Khartoum et le premier acheteur de pétrole du Soudan, mais la majorité de ces ressources se trouve dans le sud du pays, qui va proclamer son indépendance le 9 juillet.

M. el-Béchir a déclaré à ses hôtes chinois que l'indépendance du Sud-Soudan «n'affecterait pas la relation» entre Pékin et Khartoum, et loué la Chine comme un «vrai partenaire».

Le chef de l'État soudanais est sous le coup de deux mandats d'arrêt de la CPI pour crimes de guerre, génocide et crimes contre l'humanité au Darfour, une région de l'ouest du Soudan en proie depuis 2003 à une guerre civile responsable de 300 000 morts, selon les estimations de l'ONU.

Omar el-Béchir est le premier chef d'État en exercice recherché par la CPI.

Les États-Unis ont manifesté lundi leur réprobation contre l'accueil réservé par Pékin au président soudanais. «Nous continuons de nous opposer aux invitations (...) d'inculpés par la CPI», a réagi Victoria Nuland, la porte-parole du département d'État.

«Nous avons appelé instamment la Chine à s'associer aux appels lancés par la communauté internationale au Soudan pour qu'il coopère pleinement avec la CPI», a-t-elle ajouté.

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Hong Lei, a réitéré mardi que la Chine «réserve son opinion sur la mise en examen du président el-Béchir par la CPI», après avoir souligné que, n'étant pas membre de cette juridiction internationale, elle n'était pas tenue de l'extrader.

Selon l'organisation Human Rights Watch, la visite de M. el-Béchir en Chine est un «affront aux victimes des crimes odieux commis au Darfour», tandis qu'Amnesty International juge que la Chine devient «un endroit sûr pour les auteurs présumés de génocides».