Un des dissidents chinois les plus connus, Hu Jia, a été libéré hier après trois ans de prison, quelques jours après un autre célèbre défenseur des droits de l'homme, l'artiste Ai Weiwei, mais tous deux ne s'exprimeront probablement pas, sous la pression des autorités.

Hu Jia a indiqué qu'il voulait reprendre ses activités politiques, mais qu'il prendrait en compte les conséquences éventuelles pour sa famille.

M. Hu, qui a purgé une peine de trois ans et demi de prison pour tentative de subversion du pouvoir, a souligné l'importance de la «loyauté à la morale et aux droits des citoyens», dans un entretien à la chaîne de Hong Kong Cable TV diffusé dimanche soir.

«Il faut être loyal envers sa conscience», a dit le dissident chinois.

«Ils m'ont demandé de vivre une vie ordinaire et ne pas affronter le régime, car ce régime est très cruel et viole de façon arbitraire la dignité de ses citoyens», a déclaré M. Hu.

«Je dois essayer de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour rassurer mes parents (...), mais je peux seulement leur dire que je vais être prudent», a ajouté le dissident, laissant entendre son désir de renouer avec ses activités politiques.

À l'issue de sa peine de prison, Hu Jia s'est vu «privé de droits politiques» pour une durée d'un an.

Réaction française

De son côté, Paris a qualifié lundi de «bonne nouvelle» la libération dimanche du dissident Hu Jia qui a purgé une peine de trois ans et demi de prison pour tentative de subversion, et espère que «ses droits seront respectés».

«C'est une bonne nouvelle», a déclaré Bernard Valero, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, lors d'un point de presse. «Nous allons continuer de suivre sa situation avec attention, et espérons que ses droits seront respectés, notamment sa liberté de mouvement et d'expression».

«La France et ses partenaires européens avaient appelé à plusieurs reprises à la libération de ce défenseur des droits de l'homme, dont l'engagement courageux a été récompensé en 2008 par le prix Sakharov pour la liberté de l'esprit», a-t-il rappelé.

Jusqu'à son arrestation en décembre 2007, le dissident s'était battu contre les discriminations dont souffrent les malades du sida et séropositifs en Chine, et contre les dégradations de l'environnement, avant de devenir le porte-parole de plusieurs groupes de victimes d'abus de pouvoir des autorités.

«Ne venez pas nous voir, vous ne pourriez pas entrer», a dit son épouse Zeng Jinyan lundi en milieu de journée dans un message Twitter. Le domicile du couple fait l'objet d'une étroite surveillance policière.

M. Hu a été souvent cité pour le prix Nobel de la paix et a été distingué plusieurs fois, avec par exemple en 2008 le prix Sakharov «pour la liberté de pensée» décerné par le Parlement européen.

Hu Jia, 37 ans, avait été condamné en avril 2008, quelques mois avant les Jeux olympiques, à trois ans et demi de prison, pour tentative de subversion en raison de ses propos publiés sur l'internet et ses entretiens accordés à la presse étrangère.

Il est le deuxième dissident célèbre à être libéré par les autorités chinoises en quelques jours.

Mercredi soir, l'artiste Ai Weiwei avait été relâché sous caution, après près de trois mois de mise au secret.