Après avoir passé trois ans et demi derrière les barreaux, le dissident chinois Hu Jia a recouvré sa liberté dimanche, a affirmé son épouse, bien que cette liberté pourrait être entravée par une surveillance constante.

Le militant, une figure bien connue dans les cercles dissidents, avait été emprisonné pour sédition. Il se consacrait activement à certains dossiers concernant les libertés civiles au moment où il a été incarcéré, en 2008. Sa sentence d'emprisonnement prenait fin dimanche.

Il est rentré à la maison avant l'aube, a indiqué son épouse, Zeng Jinyan, dans un message publié sur le réseau social Twitter. Il est «en sécurité, très heureux» et «aura besoin de récupérer pendant une certaine période de temps», a-t-elle écrit.

Il a été impossible de rejoindre la femme par téléphone, dimanche, mais elle avait déjà déclaré qu'elle annoncerait la libération de son mari sur son fil Twitter. Elle lui avait rendu visite lundi à la prison municipale de Pékin.

Hu Jia est un éminent défenseur des patients atteints du SIDA et des orphelins. Les autorités chinoises avaient procédé à son arrestation en 2008, prétextant que l'homme de 37 ans prévoyait mener des actions avec des ressortissants étrangers pour perturber le déroulement des Jeux olympiques de Pékin.

Sa libération survient dans un contexte tendu. Les autorités chinoises multiplient les mesures de répression pour éviter que des soulèvements populaires semblables à ceux qui ont secoué le monde arabe ne se produisent en Chine. Ainsi, certains avaient exprimé l'inquiétude de voir Hu Jia se retrouver en détention illégale à sa sortie de prison. Plusieurs dissidents chinois sont actuellement détenus illégalement par les autorités.

Le chercheur principal de Human Rights Watch pour l'Asie, Nicholas Bequelin, craint que le gouvernement ait recours à des tactiques extra-judiciaires pour faire taire Hu Jia.

«Évidemment, nous sommes très heureux qu'il ait été libéré, mais le problème, c'est que nous ne sommes pas certains qu'il sera entièrement libre. Nous craignons qu'il soit assigné à domicile ou que les autorités le harcèlent», avait déclaré M. Bequelin avant la remise en liberté de Hu Jia.

Dans un message publié la semaine dernière, Zeng Jinyan a expliqué que son mari, qui souffre d'un problème hépatique, serait dépouillé de ses droits politiques pour une durée d'un an et qu'il lui serait interdit de s'adresser aux médias.

«Pendant cette année, il devrait mettre l'accent sur le traitement de sa cirrhose et sur sa famille. Il tentera aussi d'éviter de se faire arrêter encore une fois», a-t-elle fait valoir.

En 2008, Hu Jia a remporté le plus prestigieux prix Sakharov. Remis par le Parlement européen, cet honneur assorti d'une bourse de 50 000 euros (70 000 $CAN) est remis aux «personnalités exceptionnelles qui luttent contre l'intolérance, le fanatisme et l'oppression».

Les parlementaires lui ont remis le prix in absentia. Son nom avait été inscrit sur une chaise qui avait été laissée vide.

Le gouvernement chinois avait snobé la remise de prix et taxé Hu Jia de criminel.