L'Inde, qui a porté sa croissance économique à des taux sans précédent dans son histoire, devrait aujourd'hui accélérer les réformes pour une croissance plus «solidaire» et poursuivre ses efforts dans sa lutte contre l'inflation, estime l'OCDE dans un rapport publié mardi.

L'Organisation de coopération et de développement économiques a salué le bond économique de l'Inde au cours des dernières années, avec l'un des taux de croissance les plus élevés au monde, flirtant avec les 9%, qui ont permis l'émergence d'une solide classe moyenne.

Mais selon le rapport, les progrès accomplis en matière de lutte contre la pauvreté auraient pu être plus rapides. «L'une des principales priorités des pouvoirs publics est donc d'instaurer une croissance plus solidaire», considère-t-elle.

Dans ce pays de 1,2 milliard d'habitants, des centaines de millions de personnes vivent toujours sous le seuil de pauvreté officiel et la malnutrition et les problèmes de santé restent un fléau majeur dans de nombreux États.

Le secrétaire général de l'organisation, Angel Gurria, a souligné lors d'un point de presse que les dirigeants avaient fait de l'Inde «l'un des principaux moteurs de l'économie mondiale », mais que de nouvelles réformes étaient nécessaires pour atteindre «une croissance plus porteuse d'inclusion sociale».

Selon M. Gurria, «l'Inde peut atteindre à moyen terme une croissance à deux chiffres bénéficiant à tous si se poursuit l'impulsion des réformes» initiées depuis les années de libéralisation de l'économie au début des années 90.

Selon le rapport, le gouvernement de centre-gauche doit mieux cibler les dépenses publiques sur les plus pauvres, en renforçant notamment le système de protection sociale et l'amélioration de l'accès aux soins. Il doit aussi améliorer la qualité de l'éducation et accroître son accès.

Seuls sept pays au monde ont des dépenses de santé inférieures à celles de l'Inde, en pourcentage du PIB, relève l'OCDE.

L'organisation prône par ailleurs des réformes du marché du travail pour promouvoir la création d'emplois.

Elle souligne aussi que les barrières à l'investissement direct étranger, notamment dans le commerce de détail, restent élevées, et que ces obstacles de régulation freinent la croissance.

Le rapport suggère en outre que dans la mesure où l'économie a retrouvé une trajectoire de forte croissance après un ralentissement dû à la récession mondiale, «un nouveau resserrement progressif» s'impose pour modérer l'inflation, gros point noir du gouvernement de centre-gauche depuis de longs mois.

Après 8,5% de croissance en 2010-2011, la banque centrale indienne table sur une croissance de 8% en 2011/2012, estimant que la croissance à court terme pourrait devoir être sacrifiée dans la lutte contre l'inflation.

Le taux annuel d'inflation en mai a dépassé la barre des 9%, à 9,06%, selon les chiffres officiels publiés mardi, décevant les analystes qui tablaient sur un taux de 8,70%. En avril, l'inflation était de 8,66%.

La banque centrale a déjà relevé neuf fois ses principaux taux d'intérêt en l'espace de 16 mois, sans parvenir à enrayer l'inflation, la plus élevée des économies d'Asie.

Lors de la présentation du rapport mardi, le président du Conseil consultatif économique auprès du premier ministre, C. Rangarajan, a affirmé que le rapport était «conforme à ce que pensent de nombreux hauts responsables en Inde», tout en soulignant qu'il fallait trouver un «équilibre entre innovation et régulation pour assurer la stabilité».