Le combustible nucléaire de trois réacteurs de la centrale de Fukushima (nord-est du Japon) pourrait avoir percé les cuves sous pression après avoir fondu dans les jours qui ont suivi le tsunami du 11 mars, a rapporté mardi un quotidien japonais, citant un rapport gouvernemental.

Selon le Yomiuri Shimbun, plus grand journal nippon, le gouvernement japonais va informer l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) que le combustible nucléaire en fusion pourrait avoir percé la cuve sous pression des réacteurs 1, 2 et 3 et s'être accumulé au fond de l'enceinte de confinement qui entoure la cuve.

À la suite du tsunami géant déclenché le 11 mars par un séisme de magnitude 9 sur les côtes nord-est du Japon, l'alimentation électrique du complexe atomique a été interrompue, les pompes à eau stoppées et les barres de combustible nucléaire, privées d'eau de refroidissement, ont commencé à chauffer.

L'opérateur de la centrale, Tokyo Electric Power (Tepco), avait reconnu le mois dernier que le combustible avait partiellement ou totalement fondu dans ces trois réacteurs, mais n'avait pas émis l'hypothèse qu'il ait pu percer les cuves sous pression.

Des experts de l'AIEA ont effectué fin mai une mission d'enquête d'une semaine au Japon. Ils doivent rendre un rapport détaillé lors d'une conférence ministérielle sur la sûreté nucléaire qui se tiendra du 20 au 24 juin à Vienne, siège de l'AIEA.

Chacune de ces cuves est entourée d'une enceinte de confinement reposant sur une dalle de béton de huit mètres d'épaisseur.

Toutes ces données restent toutefois des suppositions, les techniciens n'ayant pas la possibilité de voir l'état réel de l'intérieur des réacteurs.

L'Agence japonaise de la sûreté nucléaire a d'autre part multiplié par deux son estimation de la quantité de particules radioactives émises dans l'atmosphère pendant la première semaine suivant l'accident à Fukushima Daiichi (N°1), le plus grave depuis la catastrophe de Tchernobyl en 1986.

Elle pense que 770 000 térabecquerels se sont échappés des réacteurs endommagés et non pas 370 000 térabecquerels comme estimé précédemment.

Une autre commission gouvernementale avait toutefois d'emblée évalué à 630 000 térabecquerels la radioactivité émise à la suite des explosions d'hydrogène et par les panaches de vapeur.

Ces niveaux sont inférieurs à ceux relevés à Tchernobyl.

Les experts soulignent en outre que la majeure partie des particules ont été emportées par les vents vers l'océan Pacifique, sans survoler les zones habitées.

Tepco espère parvenir d'ici janvier à refroidir progressivement le combustible et à le maintenir sous la barre des 100 degrés Celsius, étape cruciale pouvant mener à une sortie de crise à Fukushima.

Le gouvernement japonais a par ailleurs indiqué qu'il allait procéder à des contrôles de radioactivité des zones de baignade en mer, en rivière et dans les lacs.

Les autorités vont donner aux préfectures des instructions sur les procédures à suivre et les critères d'évaluation après consultation de la Commission de sûreté nucléaire, a déclaré le porte-parole du gouvernement, Yukio Edano.

La préfecture d'Ibaraki, au sud de la centrale de Fukushima, a déjà commencé lundi à mesurer les niveaux de radioactivité dans la mer et le sable, envisageant de poursuivre ses tests jusqu'en juillet, selon un fonctionnaire local.