Mahendra Nath Das a commis un meurtre si horrible qu'il a écopé d'une rare condamnation à mort, avant que le président indien ne rejette son appel à la clémence. Une seule chose l'empêche maintenant de monter sur l'échafaud: l'Inde n'a plus de bourreau pour l'exécuter.

Aucun condamné n'a été exécuté dans l'État d'Assam en plus de 20 ans. À l'échelle du pays, seulement deux pendaisons -la seule forme d'exécution autorisée- ont eu lieu depuis 15 ans.

L'exécution de Das, qui a été condamné à mort après avoir décapité sa victime, deviendrait la troisième.

«Nous avons entrepris d'ériger l'échafaud», a révélé le gardien Brojen Das, de la prison de Jorhat, à 300 kilomètres à l'est de la ville de Gauhati.

Ne reste plus qu'à trouver le bourreau. Les responsables de la prison ont communiqué avec leurs homologues des États d'Uttar Pradesh et du Bengale-Occidental pour tenter d'en trouver un, mais sans succès.

Les bourreaux qualifiés -qui savent comment préparer le noeud et la corde pour garantir une mort rapide- sont rares en Inde. La dernière pendaison a eu lieu en 2004 dans une prison de Calcutta, quand un gardien de sécurité a été exécuté pour le viol et le meurtre d'une adolescente.

À ce moment, le bourreau le plus célèbre du pays, Nata Mullick, était sorti de sa retraite à l'âge de 84 ans pour exécuter le condamné et empocher la somme de 435$ US. Il avait aussi obtenu un emploi pour son petit-fils à la prison. M. Mullick, qui avait hérité du poste de son père et de son grand-père, a exécuté 25 des 55 condamnés envoyés à la potence depuis l'indépendance de l'Inde en 1947.

Il menait de nombreux essais à blanc, en utilisant des sacs de sable ayant le même poids que le condamné. Il graissait la corde avec du savon et des bananes mûres avant d'y nouer cinq noeuds, dans l'espoir que ses préparations minimiseraient la douleur au maximum et empêcheraient le détenu d'être décapité.

«C'est un art: il faut constamment de la pratique», avait-il dit lors d'une entrevue en 2007.

M. Mullick est toutefois décédé en 2009. Les candidats à sa succession se sont faits rares, l'emploi de bourreau n'étant pas particulièrement bien vu et les occasions de travailler étant si peu nombreuses. Des médias locaux affirment qu'il y a encore, peut-être, un ou deux bourreaux en Inde, dont le fils de M. Mullick, Mahadeb.

Quelques autres condamnés à mort attendent leur tour dans les prisons indiennes, dont Mohammed Ajmal Kasab -le seul assaillant à avoir survécu à la fusillade terroriste de Mumbai, en 2008- et Afzal Guru, qui a été reconnu coupable d'avoir participé, en 2001, à une attaque contre le parlement qui avait fait 14 victimes.

Si aucun bourreau qualifié n'est trouvé, les règles pénitentiaires autoriseraient un autre détenu à offrir ses services, mais personne ne s'est encore manifesté.

Pour l'instant, Mahendra Das, un homme de 45 ans, passe ses journées dans sa cellule de 1,8 mètre par 3,7 mètres, et il y restera jusqu'à ce qu'un bourreau ait été déniché.

«Il continue à garder espoir qu'il sera sauvé», a dit Brojen Das.