La police chinoise a laissé l'artiste contestataire Ai Weiwei rencontrer sa femme, pour la première fois depuis qu'il a été placé en détention début avril, a annoncé lundi un avocat.

«Lu Qing a été autorisée à rendre une visite dimanche à Ai Weiwei», a déclaré à l'AFP Liu Xiaoyuan, un juriste engagé en faveur des droits de l'Homme et ami proche de l'artiste.

«Il était en bonne santé, il n'a pas été frappé ni torturé», a ajouté l'avocat, en citant des informations obtenues de membres de la famille d'Ai Weiwei.

L'avocat a précisé que le lieu précis de la rencontre n'avait pu être localisé, mais qu'il ne s'agissait pas d'un centre de détention de la police. Les tentatives de l'AFP pour contacter lundi matin des membres de la famille d'Ai Weiwei se sont révélées infructueuses.

Ai Weiwei a été arrêté le 3 avril à Pékin alors qu'il tentait de se rendre à Hong Kong, pour rejoindre ensuite l'Allemagne et d'autres pays d'Europe.

Les autorités ont ouvert une enquête pour «crime économique» et détiennent au secret cette personnalité très critique du régime. Un vaste mouvement international s'est créé pour réclamer sa libération.

Celle-ci a notamment été demandée par Washington, Londres, Paris et l'Union européenne. Selon la presse allemande, la chancelière Angela Merkel est directement intervenue auprès du gouvernement chinois.

Une pétition pour sa libération a également a été mise en circulation par le musée Guggenheim de New York et signée par plus de 100 000 personnes, dont les conservateurs de plusieurs grands musées mondiaux.

À Berlin, Ai Weiwei a été élu membre de l'Académie allemande des arts il y a quelques jours. Le sculpteur britannique d'origine indienne Anish Kapoor lui a dédié son oeuvre «Leviathan», présentée au Grand Palais à Paris.

Mais Pékin a estimé que les étrangers devraient s'abstenir de faire des commentaires sur la détention de l'artiste, en appelant le monde extérieur à «respecter la souveraineté judiciaire de la Chine».

Ai Weiwei, qui a participé à la conception du célèbre «Nid d'oiseau», le stade des Jeux olympiques de Pékin en 2008, s'est souvent heurté au pouvoir chinois en le critiquant vertement ou en défendant des causes humanitaires.