Plusieurs Philippins ont été cloués à des croix en bois, vendredi, afin de reproduire la souffrance de Jésus - un curieux rite annuel qui fait toujours courir les foules et qui persiste même s'il n'a pas l'aval des dirigeants de l'Église catholique philippins.

Les trois ouvriers semblaient sereins lorsque les clous en acier ont transpercé leurs paumes. Les croix ont ensuite été levées sous un soleil éblouissant pendant quelques minutes dans le village de San Juan, qui est situé au nord de Manille.

L'un d'entre eux a versé des larmes alors que des centaines de touristes et de badauds regardaient les hommes et immortalisaient l'événement en tirant quelques clichés.

Au moins 12 autres pénitents ont été crucifiés dans les villages avoisinants.

Ce spectacle sanglant est un reflet de la façon très unique dont les Philippins vivent leur foi catholique, une tradition qui s'inspire autant des superstitions folkloriques que des rites de l'Église.

Les pénitents qui se soumettent à cette torture le font pour expier leurs péchés, mais aussi dans l'espoir d'une vie meilleure ou encore pour remercier Dieu d'avoir accompli ce qu'ils considèrent comme un miracle.

Ruben Enaj, un peintre d'enseignes âgé de 50 ans, a été crucifié pour une 25e fois, vendredi. Depuis qu'il a survécu à une chute du haut d'un bâtiment de trois étages en 1985, il veut rendre grâce à Dieu, mais aussi prier pour dégoter des contrats dans son domaine.

«Je ne me suis pas fracturé un seul os en tombant de cet édifice, dit-il. Maintenant, je prie pour garder la santé et pour demander plus de clients.»

Les dirigeants de l'Église catholique aux des Philippines désapprouvent cette tradition. Ils estiment que les Philippins peuvent exprimer leur foi sans se faire du mal.

Selon l'archevêque Angel Ladgameo, les crucifixions et l'autoflagellation sont «une imitation imparfaite». Autant sur le plan religieux que sur le plan social, leur signification est «douteuse», juge-t-il.