Un soldat thaïlandais a été tué et cinq autres blessés dans de nouveaux combats à l'arme lourde qui ont eu lieu vendredi à la frontière disputée entre le Cambodge et la Thaïlande, a indiqué un porte-parole de l'armée thaïlandaise.

«L'armée thaïlandaise confirme qu'un soldat thaïlandais est mort et que cinq ont été blessés», a déclaré le porte-parole.

Après plus de deux mois de cessez-le-feu, des combats à l'arme lourde ont éclaté vendredi matin près du temple de Ta Muean Tom entre les deux voisins qui se sont comme souvent mutuellement rejeté la responsabilité d'être à l'origine des incidents.

«Les soldats cambodgiens ont tiré avec des fusils d'assaut sur la Thaïlande en premier et maintenant ils ont commencé à nous bombarder avec de l'artillerie et nous avons pris les mesures de représailles appropriées», a indiqué à l'AFP le ministre thaïlandais de la Défense Prawit Wongsuwon.

«Je pense que le Cambodge veut prendre le contrôle de temples à la frontière», a-t-il ajouté.

Le Cambodge a lui accusé les soldats thaïlandais d'avoir pénétré 400 mètres à l'intérieur de son territoire.

Les soldats thaïlandais «ont lancé une attaque non provoquée», a déclaré le porte-parole du gouvernement Phay Siphan, précisant que les affrontements étaient toujours en cours.

«C'est une nouvelle invasion du Cambodge par la Thaïlande. Nous ne pouvons pas accepter ça».

Des combats à l'arme lourde avaient déjà eu lieu du 4 au 7 février, faisant dix morts dont sept côté cambodgien.

Bangkok et Phnom Penh se disputent notamment une zone qui abrite le temple khmer de Preah Vihear, des ruines du XIe siècle qui relèvent de la souveraineté du Cambodge selon une décision de la Cour internationale de justice de 1962.

Mais les Thaïlandais contrôlent ses principaux accès et les deux pays revendiquent une zone de 4,6 km2 en contrebas de l'édifice qui n'a pas été délimitée, comme d'autres zones de la frontière.

Selon les analystes, cette dispute frontalière est utilisée des deux côtés pour exalter les sentiments nationalistes de la population.

Mi-février, le Conseil de sécurité de l'ONU avait appelé à un cessez-le-feu permanent, mais rejeté la demande de Phnom Penh d'envoyer des Casques bleus sur la frontière.

Les deux voisins avaient ensuite donné leur accord en février pour l'envoi d'observateurs à la frontière, au terme d'une médiation organisée par l'Association des Nations d'Asie du sud-est (Asean).

Mais depuis, l'armée thaïlandaise a indiqué que ces observateurs n'étaient pas les bienvenus.

Bangkok a d'autre part récemment reconnu avoir utilisé lors des combats de février des armes controversées, les «munitions classiques améliorées à double effet» (DPICM), tout en insistant sur le fait que ce n'étaient pas des armes à sous-munition.

La Coalition contre les armes à sous-munitions (CMC) a assuré de son côté qu'il s'agissait bien d'armes à sous-munition, dénonçant leur utilisation.