Le président kazakh Noursoultan Nazarbaïev a été réélu avec près de 95% des voix, selon un sondage réalisé à la sortie des bureaux de vote, à l'issue d'une élection présidentielle anticipée dimanche dans ce pays d'Asie centrale riche en pétrole, que l'opposition a boycottée.

M. Nazarbaïev, 70 ans, au pouvoir depuis 1989, a obtenu 94,82% des voix, selon le sondage réalisé par l'agence progouvernementale ASIP, améliorant ainsi son résultat du scrutin précédent en 2005 (91,2%).

La commission électorale centrale a promis des résultats officiels à partir de 03H00 GMT lundi.

Le taux de participation a atteint 89,9% et la commission électorale centrale a précisé que ce chiffre devait encore monter après l'arrivée de bulletins des villages reculés dans les steppes.

L'un des conseillers de M. Nazarbaïev s'est félicité du taux de participation, jugeant que ce résultat portait un coup à la réputation de l'opposition.

«Cela prouve que ceux qui ont appelé au boycottage ne connaissent rien de leur peuple», a déclaré ce conseiller, Ermoukhamet Iertysbaïev, à la télévision d'État Khabar.

«C'était l'élection la plus idéale de toute l'histoire du Kazakhstan», a-t-il également déclaré à l'agence Interfax.

M. Nazarbaïev avait face à lui trois candidats, tous loyaux à son régime, dont l'un a avoué dimanche avoir voté pour le président sortant. Ils ont obtenu chacun moins de 3% des voix.

L'opposition a décidé de boycotter le scrutin, estimant ne pas avoir le temps de se mettre en ordre de bataille, et a dénoncé dimanche une «farce».

«Je boycotte le vote comme des dizaines de milliers de Kazakhs. C'est une farce», a déclaré à l'AFP Vladimir Kozlov, chef du parti d'opposition Alga.

Ce scrutin dans un pays à majorité musulmane est suivi de près par les ambassades occidentales au moment où plusieurs pays musulmans sont secoués par des révoltes pour renverser leurs dirigeants au pouvoir depuis des décennies.

Mais un tel scénario semble très peu probable dans un pays champion de la croissance dans la région grâce aux revenus pétroliers.

M. Nazarbaïev a fermement défendu dimanche son régime. «Nous avons une société ouverte et démocratique», a-t-il martelé.

«Tous les candidats à la présidentielle ont eu des possibilités égales pour visiter les régions. Ils ont eu un accès égal aux médias», a-t-il affirmé.

Mels Eleoussizov, l'un des trois adversaires du président sortant, a déclaré qu'il avait voté pour ce dernier pour rendre «hommage» au «vainqueur».

Les deux autres candidats -le communiste Jambyl Akhmetbekov et le sénateur Gani Kassymov- s'étaient eux prononcés en faveur de la prolongation du mandat de M. Nazarbaïev jusqu'en 2020.

Le chef de l'État kazakh avait annoncé fin janvier, à la surprise générale, une présidentielle anticipée, rejetant la tenue d'un référendum pour prolonger son mandat comme le souhaitait le parlement dont tous les sièges sont contrôlés par le parti présidentiel.

Une décision qui a été prise après de vives critiques de ses alliés occidentaux, les États-Unis et l'Union européenne.

Aucune élection au Kazakhstan n'a été reconnue comme libre par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) depuis l'indépendance du pays en 1991.

L'OSCE fera part de son évaluation du scrutin lundi à 08HOO GMT.

Si le Kazakhstan est loin d'être un modèle démocratique, Noursoultan Nazarbaïev bénéficie d'une popularité auprès de ses 16 millions de concitoyens.

«Bien sûr que j'ai voté Nazarbaïev pour l'avenir de ma fille. Regardez ce qui se passe au Kirghizstan! C'est l'horreur», a déclaré à l'AFP Anina Olizova, 53 ans, en référence aux soulèvements et violences dans le pays voisin.