Une bombe a déclenché une série d'explosions dévastatrices, qui ont fait au moins 22 morts et 142 blessés, mardi dans une station-service du centre du Pakistan, pays en proie depuis plus de trois ans à une vague extrêmement meurtrière d'attentats des talibans alliés à Al-Qaïda.

Des heures durant, les secouristes, comme de simples passants, se sont efforcés de dégager des cadavres ou des survivants des décombres, et, en début de soirée, il n'y avait plus personne sous les débris, a affirmé à l'AFP Zaheer Anwar, un responsable de la municipalité de Faisalabad, la grande ville du centre où s'est produit le drame.

L'attentat est survenu en milieu de matinée près d'un réservoir de GPL (gaz de pétrole liquéfié).

«C'était une voiture piégée», a déclaré à l'AFP au téléphone Aftab Cheema, le chef de la police régionale.

«Nous avons reçu 22 cadavres pour l'heure», a déclaré en début de soirée à l'AFP Safdar Ali, responsable de la morgue du principal hôpital de Faisalabad, tandis que 142 personnes y étaient soignées, ainsi que dans un autre hôpital d'agglomération.

La station-service se trouvait à proximité d'immeubles occupés par des administrations du gouvernement central et d'«agences sensibles», a précisé Aftab Cheema. Les «agences sensibles» désignent d'ordinaire les puissants services de renseignement.

La station-service a été totalement détruite et plusieurs édifices alentour se sont effondrés sous la violence des explosions, a raconté un journaliste de l'AFP sur place. Plus de 50 véhicules se sont embrasés ou ont été endommagés, a assuré Chaudry Riaz Ahmed, le responsable de la Défense dans le district de Faisalabad.

Le Pakistan est en proie à une vague sans précédent d'attentats (plus de 450), pour l'essentiel perpétrés par des kamikazes des talibans alliés à Al-Qaïda et qui a fait plus de 4.000 morts en trois ans et demi. Ces insurgés et des groupes fondamentalistes alliés, ont décrété, à l'été 2007 et à l'unisson d'Oussama Ben Laden en personne, le jihad à Islamabad pour son soutien à la «guerre contre le terrorisme» de Washington depuis fin 2001.

Les attentats visent le plus souvent les forces de sécurité -armée, police, services de renseignement-, mais également, de plus en plus fréquemment ces derniers temps, des cibles civiles.

Vendredi, en pleine grande grande prière, onze personnes avaient été tuées dans un attentat dans une mosquée du nord-ouest, à Nowshera, non loin des zones tribales frontalières de l'Afghanistan, bastion du Mouvement des Talibans du Pakistan (TTP), qui a fait allégeance à Al-Qaïda en 2007.

A plusieurs reprises ces derniers temps, le TTP a revendiqué des attentats ayant visé les forces de sécurité en représailles, a-t-il dit, aux offensives de l'armée et aux tirs quasi-quotidiens de missiles sur des cadres d'Al-Qaïda et des talibans pakistanais et afghans par des drones de la CIA américaine dans les zones tribales.

D'ailleurs, mardi, au moins cinq insurgés islamistes y ont été tués par deux missiles d'un drone américain, dans le Waziristan du Sud, le principal bastion du TTP, selon les forces de sécurité.