Près de vingt-six heures après le séisme de Christchurch, Anna Bodkin est sortie vivante des décombres de l'immeuble de son bureau, un «miracle» qui a redonné de l'espoir aux sauveteurs.

Une salve d'applaudissements a salué l'apparition de la jeune femme après une longue opération pour la sortir de l'amoncellement de poutres et de tiges d'acier.

Graham, le mari d'Anna, était là pour la serrer dans ses bras avant qu'elle ne soit conduite à l'hôpital. «Elle était pétillante et en bonne santé», a témoigné Grant Lord, l'officier de police ayant supervisé le sauvetage.

«Il semble qu'elle se soit protégée sous un bureau et qu'elle ait ensuite réussi à bouger pour appeler à l'aide».

Pour le policier, son sauvetage tient du «miracle» qui, il l'espère, se répétera dans d'autres bâtiments en ruines de Christchurch, dévastée mardi à l'heure du déjeuner par un tremblement de terre de magnitude 6,3. Au moins 75 personnes sont mortes et 300 autres sont toujours portées disparues, selon le dernier bilan.

Devant l'immeuble Pyne Gould, d'où est sortie Anna Bodkin, un homme continuait d'attendre, anxieux, qu'un autre miracle se produise.

Mark Maynard n'a pas de nouvelles de sa femme, qui travaillait au premier étage et qui l'avait appelé vingt minutes avant le séisme pour le prévenir qu'elle avait oublié son téléphone portable.

«Il n'y a pas eu de bonne nouvelle jusqu'à présent. Je ne peux qu'attendre, que voulez-vous que je fasse d'autre?», a-t-il déclaré mercredi matin.

Les sauveteurs essayaient également de secourir Anne Voss, une femme coincée sous son bureau, sur lequel s'est effondré le plafond. «Il fait sombre. C'est horrible (...) Je ne peux pas bouger», a-t-elle témoigné au téléphone dans la nuit de mardi à mercredi. «J'espère sortir de là rapidement», a-t-elle ajouté, en précisant qu'elle saignait.

C'est grâce à un solide bureau et à son instinct que Sven Baker a eu la vie sauve. «Le séisme a été extrêmement fort. J'ai alors eu une seconde pour décider s'il fallait que je sorte dans la rue ou que je me jette sous la table», a raconté l'homme qui travaille au service publicitaire du New Zealand Herald.

En choisissant la seconde solution, il a probablement évité d'être enseveli sous la façade de son immeuble qui s'est effondrée sur la chaussée.

«La rue ressemblait à un champ de bataille, pleine de poussière et de gens qui hurlaient», a précisé Sven Baker.

Un témoin, Tom Brittenden, a vu une femme mourir sur le coup lorsqu'elle a été frappée par les débris tombant d'un centre commercial. Le bébé qu'elle tenait dans les bras a survécu.

Coeur historique de la cité, la cathédrale s'est également transformée en tombe, dans laquelle sont probablement ensevelies une vingtaine de personnes.

«Je n'ai jamais vu ça en Nouvelle-Zélande», s'est désolé le leader de l'opposition, Phil Goff, en constatant les dégâts. «Nous pensions pourtant avoir des immeubles de première classe», a-t-il ajouté, en faisant référence aux sévères normes antisismiques appliquées dans le bâtiment.