Le vice-Premier ministre thaïlandais a assuré jeudi que des élections législatives anticipées auraient lieu «avant juin», alors que les appels à la démission du gouvernement se multiplient dans un pays profondément divisé sur le plan politique.        

La consultation réclamée à corps et à cris par l'opposition depuis des mois, notamment le mouvement anti-gouvernemental des «chemises rouges», doit intervenir entre 45 et 60 jours après une dissolution de la chambre basse du parlement.

«Je garantis qu'elles auront lieu avant juin», a déclaré Suthep Thaugsuban aux journalistes, ouvrant la voie à une bagarre électorale tendue.

Le Premier ministre Abhisit Vejjajiva, chef du Parti démocrate et au pouvoir depuis fin 2008, s'était dit prêt la semaine dernière à organiser ces élections au premier semestre sous certaines conditions, notamment l'absence de violence dans le pays et l'adoption d'une réforme constitutionnelle.

Il avait auparavant aussi évoqué la nécessité de faire adopter le budget de la mi-année, ce qui est chose faite depuis mercredi.

«Dès que tout sera prêt, je convoquerai des élections aussi vite que possible. Je n'ai pas besoin de finir mon mandat», avait-il promis.

Abhisit a déjà surpris les observateurs par sa longévité, grâce à un soutien sans faille de l'armée et à une coalition certes fragile mais qui ne l'a jamais lâché.

«Ce gouvernement sera réélu», a pronostiqué jeudi Somjai Phagaphasvivat, professeur de sciences politiques à l'université Thammasat de Bangkok.

«Le Puea Thai (premier parti d'opposition, proche des «rouges») obtiendra beaucoup de voix, mais pas assez de sièges pour former un gouvernement, alors que les Démocrates conserveront leurs partenaires de la coalition».

Abhisit peut en théorie rester à son poste jusqu'à fin 2011, date de la fin de l'actuelle législature.

Mais les «rouges», qui ont occupé Bangkok pendant deux mois de mars à mai 2010, exigent des élections anticipées, le jugeant illégitime et au service des élites de la capitale.

Lors de ces manifestations émaillées d'affrontements violents entre manifestants et forces de l'ordre (plus de 90 morts, 1 900 blessés), Abhisit avait tenté une sortie de crise en proposant des élections en novembre 2010.

Le projet avait été abandonné lorsque les «rouges» avaient refusé de quitter le centre-ville. Ils avaient été finalement dispersés par un assaut de l'armée.

La question des élections est depuis restée récurrente. Et la situation du chef du gouvernement s'est fragilisée ces derniers mois.

Les «rouges», qui représentent les couches rurales et urbaines défavorisées du pays, ont fait leur retour dans la rue depuis le début de l'année avec deux manifestations par mois.

Et le mouvement royaliste et nationaliste des «chemises jaunes», ennemi intime des «rouges», s'est joint récemment à la demande de démission d'Abhisit, à qui il reproche une gestion trop molle d'une dispute territoriale avec le Cambodge.

Les «jaunes», qui campent devant le siège du gouvernement depuis près d'un mois et qui ont fait chuter plusieurs gouvernements depuis cinq ans, avaient contribué à l'arrivée au pouvoir d'Abhisit mais leurs relations se sont depuis passablement dégradées.

Le gouvernement a décidé la semaine dernière d'invoquer une loi d'exception pour interdire les manifestations dans certaines zones de la capitale. En vain. Les «jaunes» n'ont pas abandonné leur campement et les «rouges» prévoient une nouvelle manifestation samedi.