Le premier ministre chinois Wen Jiabao a rencontré des pétitionnaires, citoyens qui ont des doléances à adresser aux autorités, un geste inhabituel qui témoigne des tentatives du gouvernement pour calmer la grogne sociale, a rapporté mercredi la presse.

M. Wen a rendu visite lundi au bureau officiel des plaintes censé recevoir les requêtes des citoyens mécontents de salaires impayés, de démolitions forcées, d'expulsions ou encore de saisies foncières et immobilières.

L'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW) a accusé le chef du gouvernement chinois d'avoir procédé à une opération de figuration, alors que les démarches des pétitionnaires sont très souvent entravées en Chine par des moyens légaux ou illégaux.

M. Wen, considéré comme plus attentif aux préoccupations de la population que d'autres dirigeants chinois, a promis que si les requêtes des pétitionnaires étaient «raisonnables», elles seraient résolues.

«Nous devons utiliser le pouvoir entre nos mains pour servir les intérêts du peuple, pour l'aider à faire face aux difficultés de façon responsable», a déclaré le premier ministre chinois.

Il a échangé des poignées de mains avec des pétitionnaires qui attentaient dans des files d'attente de remplir des formulaires de plainte. «La terre est la ressource vitale des paysans», a également lancé Wen Jiabao.

Les réquisitions de terres et les expulsions pour construire sont à l'origine de très nombreux conflits en Chine, les habitants chassés par le rapide développement urbain et industriel se plaignant souvent de la faiblesse des indemnisations et de la collusion entre autorités locales et promoteurs.

Le système des pétitions, hérité de l'époque impériale, permet aux citoyens de s'adresser directement aux administrations s'ils s'estiment victimes d'injustices, et de se rendre à Pékin pour saisir «le centre».

Mais les associations de défense des droits de l'Homme dénoncent régulièrement des actions déloyales de responsables provinciaux pour empêcher des pétitionnaires de manifester ou d'adresser leurs doléances au gouvernement central.

Il a ainsi été démontré l'existence de «prisons secrètes» à Pékin et dans d'autres villes chinoises, où des citoyens peuvent être détenus pendant des mois et soumis à des violences répétées sans aucune procédure légale.